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INSTRUCTION DE LA JEUNESSE

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en 1336, des Trois Evêques en 1348, de Bayeux en 13^o, de Narbonne, etc.

Parallèlement aux séculiers, les grands Ordres, dont deux étaient nés en nièiue temps que l’Université, c’est-à-dire les Franciscains et les Dominicains, puis les Cisterciens et les Bénédictins, établirent près de leur monastère des maisons d’étude pour leurs maîtres et leurs étudiants.

Et il arriva promptement que les maîtres, surtout ceux qui étaient séculiers, au lieu de faire leurs cours en n’importe quels lieux, obtinrent d’établir quelques-unes de leurs chaires dans les collèges, comme les religieux dans leurs monastères. En tout cas, il s’y trouvait des répétiteurs qui se chargeaient de reproduire leurs leçons. Et ainsi ces collèges devinrent non plus seulement des refuges ou des abris, mais aussi des foyers tréuule et même d’enseignement. Vers le milieu du xv^ siècle, ils obtinrent en grand nombre de donner l’enseignement complet, depuis les Arts jusqu’à la Théologie. A la fin du XV* siècle, il y avait à Paris 50 collèges, dont 18 de plein exercice. Les chaires s’étaient donc transportées dans les collèges : partout l’on enseignait les lettres et les sciences, qui rele^ aient de la Faculté des Arts. La Théologie avait son centre au collège de Sorbonne, mais était aussi enseignée dans les collèges de Navarre et de Montaigu. Seules, les Facultés de droit et de médecine avaient une existence indépendante des collèges.

Mais les grandes villes voulurent avoir chez elles, des Universités comme celles de Paris, et en sollicitèrent l’érection des papes et des rois.

Toulouse en obtint une de Grégoire IX en 1223 ; Montpellier de Nicolas IV en 1289 ; Orléans (droit civil) de Philippe-Ie-Bel en 131a ; Cahors de Jean XXU en 1332 ; Perpignan de Pierre d’.ragon en 1346 ; Angers de Louis, duc d’Anjou, en 1364 ; Aix de Louis, comte de Provence, en 140y ; Poitiers d’Eugène IV et Charles VII en 1431 ; Gæn d’Henri VI d’Angleterre en 1432 ; Valence du dauphin Louis en 1442 ; Nantes de Pie II et Charles VII en 1460 ; Bourges de Pie II et Louis XI en 1465 ; Bordeaux de Louis XI en 14"3.

Ainsi, l’enseignement supérieur se décentralisait et se dispersait dans toute la France ; des collèges ou bourses comme à Paris, fondés autour de ces Universités, en facilitaient l’accès aux étudiants pauvres.

L’enseignement secondaire suivait une évolution semblable.

Les écoles épiscopales, qui le distribuaient jusqu’alors comme dans la période précédente, virent une partie de leurs élèves les quitter après s’être initiés chez elles aux éléments, pour se rendre aux Universités et surtout à celles de Paris, où ils pouvaient prendre des grades donnant droit à des bénétices. D’autre part, il se créa autour d’elles, dans les villes et les centres moyens, de petites écoles de quartier, qui donnèrent aux enfants du voisinage l’enseignement élémentaire et leur ravirent encore des élèves.

Elles se trouvaient ainsi atteintes par en haut et par en bas, et par les Universités et par les petites écoles. Elles subsistèrent cependant jusqu’au xvi= siècle, à l’usage des jeunes clercs, sous la direction des chanceliers et des écolàtres, qui pour la plupart avaient achevé leurs éludes dans les Universités. Mais leur diminution indique moins une raréfaction de l’instruction qu’une plus grande diffusion.

A l’usage des clercs qui voulaient recevoir le sacerdoce et ne pouvaient cei)endant aller jusqu’à Paris appren(lr<’la théologie, il y avait dans chaque cathédrale un chanoine appelé théologal, chargé de faire des cours d’Ecriture sainte à tous les ecclésiasli(iucs I de la ville. C’était le concile de Latran en iijS I

qui avait exigé la création de cette chaire dans toutes les églises épiscopales. Il y avait de même des cours de théologie près des grands couvents de Dominicains et de Franciscains, à l’usage de leurs religieux et novices.

Les écoles monastiques secondaires furent atteintes comme celles des cathédrales et par les mêmes causes. .u xiii= siècle, l’accroissement des monastères (près de 300) en augmente d’abord le nombre. Mais les guerres du xiv’siècle, en fermèrent beaucoup. La commende, qui ruina leurs ressources morales et matérielles, vint en précipiter la chute au xv « siècle. Elles étaient d’ailleurs, comme nous l’avons dit, sullisamment remplacées.

Les petites écoles s’ouvrirent un peu partout, dans les villes surtout. Les statuts synodaux, les procèsverbaux des visites épiscopales ou archidiaconales, recommandent ou constatent ta création d’écoles dans la plupart des villages,.insi l’évêque de Carcassonne, Pierre de la Ch.a.pklle, en 1297, ainsi Gersox {~ 1429) dans son traité des visites des évoques. Dans beaucoup de provinces ou de départements l’on a fait le relevé des écoles signalées dans les campagnes : la lecture de ces études, encore incomplètes et qui mériteraient d’être achevées, donne l’impression que pendant tout le moyen âge, sans excepter le. temps de la guerre de Cent ans, il y eut dans tous les villages des maîtres et des maltresses d’écoles. L’enquête faite pour la Normandie par M. L. Delislk et M. Gh. de Beaurei’airk renferme de nombreux détails pour cette province : il y en a beaucoup d’autres ; par exemple celle de M. Allain pour la Gujenne, de M. Mkrlkt, pour l’Eure-et-Loir, etc. A Paris en 1292, il y avait douze écoles, dont une de liUes, pour une population de 40.ooo habitants. Sous Louis XI, les registres du Chapitre de Notre-Dame racontent que l’on comptait les écoliers par milliers à une procession d’enfants, le 19 octobre 1449- Déjà, dans beaucoup de villes, des maîtres libres, avec la permission du chancelier, ouvraient des écoles dans différents quartiers. A Chartres, il y avait les petites écoles de S. Pierre, de S. André, de S. Jean, de S. Chéron ; quelques-unes faisaient aux écoles capitulaires une telle concurrence qu’en 1461 le chancelier dut leur imposer un nombre fixe d’élèves.

Dès le milieu du xv’siècle, il y eut tendance, chez les magistrats de villes, à prendre sous leur [)rotection les petites écoles. Ils les amenèrent à se constituer en corporations, et les encouragèrent à donner, outre l’enseignement primaire, une bonne partie de l’enseignement secondaire. Après un moment de crise, causé par la concurrence que le nombre de leurs élèves et l’étendue de leur programme faisait aux écoles ecclésiastiques, il se lit peu à peu un accord à leur sujet entre l’autorité civile et l’autorité épiscopale. Les écoles, qui se faisaient ainsi concurrence entre elles, furent entraînées à se fusionner en un seul grand établissement, fourni de régents par le clergé, soutenu matériellement par la ville et l’évêque ; ce fut là l’origine des collèges. Ce mouvement se produisit presque partout dans la seconde moitié du xv’siècle et au xvi’siècle. Ainsi l’enseignement secondaire, avec l’enseignement primaire pour base, descendait dans les masses et se répandait de plus en plus.

Les campagnes gardaient leurs écoles presbytérales, selon les prescriptions du droit canonique depuis le concile de Vaison, du moins tant que les guerres et la situation économifpic des peuples le permettaient. En Normandie, dit le chroniqueur Guili. au.mkdeNangis, il y avait desécoles primaires jusque dans leshameauxe.t leschàteauxauxiii’et au xiv’siècle. L. Dblisle en signale un certain nombre dans