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INSPIRATION DE LA BIBLE

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la révélation sans erreur, mais parce qu’écrits sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur, et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Eglise. Coiicil. Vatican., sessio lii, Const. dogm. de Fide, cap. 2 ; Denz.’", 1787. — « L’Espril-Saint a lui-même, par sa vertu surnaturelle, excité et poussé les écrivains bibliques à écrire, et les a assistés pemlant la rédaction, de telle sorte qu’ils conçussent exactement dans leur esprit, et voulussent mettre fidèlement par écrit, et rendissent dans une expression juste, avec une infaillible vérité, tout ce que Dieu commandait et rien autre chose. Sans cela. Dieu ne serait pas l’auteur de l’Ecriture en entier. » Encycl. Pros’id. Deiis, Denz.’", iy52. — La proposition condamnée : « Us font preuve de trop de simplicité et d’ignorance, ceux qui croient que Dieu est vraiment auteur de l’Ecriture. » Decr. S. Officii Lameiilabili, prop. 9., Den/..’", 2009.

-a. Notions erronées proposées par des auteurs catlioliques. — a) L’approbation donnée par l’Eglise à un écrit d’origine purement liumaine ne saurait en faire, à elle seule, un texte sacré et canonique, c’est-à-dire une Ecriture inspirée de Dieu. Le sentiment contraire, timidement avancé par Sixte de Sienne, Bibliolli. sancla, 1566, p. io46, devait être repris, au xix" siècle, par Movbhs et Hanebekg. Le concile du Vatican l’a condamné expressément. La raison en est que l’Eglise ne peut pas changer la nature originelle d’un texte, mais seulement la déclarer authentiquement.

Celte opinion n’est pas à confondre avec l’hypothèse mise en avant parLEssius (1585), puis complétée et légèrement modifiée par UoNFHiiHB, Richard Simon, Nierenberg, Frasskn, etc., savoir « qu’un livre (tel qu’est peut-être le second des Macchabées), écrit avec les seules ressources humaines, sans l’assistance du S. -Esprit, devient Ecriture sainte, si le S.-Esprit témoigne subséquemment qu’il ne s’j' trouve rien de faux ». C’était, sous la [)luuie de Lessius, une pure hj’polhèse, n’envisageant pas l’inspiration biblique telle qu’elle existe en clfet, mais seulement un mode ]>ossible, et qui fut peut-être réel dans des Ecritures [)er<lues. Ensuite, il s’agissait de rapprol)alion du S.-Esprit lui-même et non seulement de l’Eglise. Bien que cette opinion n’ait pasétédirectementcondamnée par le concile (cf. Collecl. Lacensis Concil., t. VII, 1892, p. 140), elle n’en est pas moins erronée. Une inspiration de cette sorte serait subséquente, ce qui iin])lique contradiction ; toute inspiration proprement dite est antécédente par rapport à la composition du texte inspiré ; sans cela, Dieu, l’auteur principal, n’en aurait pas eu l’initiative. L’approbation subséquente donnée par Dieu à un livre pourrait bien lui conférer une autorité divine et, à ce titre, rendre croyable de foi divine tout son contenu ; mais cette approbation ne saurait empêcher que le texte ne reste une iruvre d’origine purement humaine. Or, aux termes de la doctrine catliolique, il ne sullit pas, pour qu’un livre soit regardé comme Ecriture, que Dieu se porte garant de la vérité de son contenu ; il faut en outre, el avant tout, que Dieu ait eu la part principale dans la composition même du livre.

h) L’inspiration biblique, même réduite à son minimum, par exemple dans les livres d’histoire, n’est pas une simple assistance donnée par Dieu aux écrivains sacrés pour les empêcher de faire erreur, comme

« l’avait pensé.Iaun, après Holdbn, Fgilmosbh, Chrisman.

n, et peut-être Richard Simon, t^ette assistance, appelée parfois, mais d’une façon inexacte, inspiration concomitante, reste purement négative, alors que l’inspiration consiste dans une action positive de Dieu, mettant en branle les facultés de l’écrivain sacré. L’Ecriture n’est pas divine seulcinentparcequ’elle rapporte

avec fidélité la parole de Dieu, savoir la révélation faite aux hommes par l’intermédiaire de Moïse, des Projjhètes, du Christ et des Apôtres ; elle est elle-même parole de Dieu, à raison de son origine divine. Il ne manque pas de documents ecclésiastiques dont on peut dire qu’ils contiennent sans erreur la vérité révélée, qui est parole de Dieu ; ils ne sont pas, pour autant. Ecriture insjiirée. Même si l’assistance accordée par le Christ à son Eglise, au lieu de rester purement négative "et préservatrice de l’erreur — ce qui sullit — devenait, en certains cas, un secours positif donné immédiatement par l’Esprit-Saint aux auteurs de la définition ecclésiastique, elle ne serait pas assimilable à l’inspiration biblique, encore que par une certaine extension du terme on pût la qualifier d’inspiration.

Les deux notions dont nous venons de parler pèchent par défaut, elles sont erronées parce qu’insuffisantes. Ceux qui les ont proposées se sont laissé égarer par une réaction excessive contre les théologiens qui confondaient l’inspiration avec la révélation. Les jésuites de Louvain, Lessius et Bonfrèrb, furent, vers la fin du xvi" siècle, les initiateurs de ce mouvement. Cf. Richard Simon, Hist. crit. du texte du A’. T., Rotterdam, 1689, p. 279.

3. Xntion orthodoxe. — On peut considérer l’inspiration en Dieu qui la produit (inspiratio actiia), dans l’homme qui en est l’objet (inspiratio passivo), dans le texte sacré qui est son terme (inspiratio termi natif a).

a) En Dieu qui la produit, l’inspiration est une do ces actions dites ad extra par les théologiens ; elle est commune aux trois personnes divines. Néanmoins, par appropriation, on l’attribue au Saint-Esprit ; soit à cause de l’analogie qu’elle a avec la troisième per sonne de la Trinité, qui procède par voie de spiration ; soit parce qu’elle appartient. exclusivement à l’ordre de la grâce. Cependant, les Pères apologistes du 11’et du m’siècles (S. Justin, S. IniiNKE, S.IIii’POLYTE) l’attribuent encore au Logos (Verbe de Dieu), ou même au Christ agissant par son Esprit. L’inspiration est une grâce, non pas de celles qui ont pour objet immédiat et essentiel la sanctification de celui qui les reçoit, mais dans l’ordre des grâces appelées, par antonomase, charismes ou ^ro/(s rfo/ae, parce qu’elles sont données, avant tout, pour l’utilité d’aulrui. Du reste, l’inspiration a cela de commun avec toute grâce actuelle, qu’elle est une participation transitoire de la vertu divine ; rhagiograi)he ne s’en trouve investi qu’au moment même où il s’occupe de la composition de son livre.

b) Considérée dans riioimue qui en est gratifié, rins])iration peut être orale, comme dans ceux des Prophètes ou des Apôtres qui n’ont rien écrit ; mais elle peut être aussi ordonnée à la composition d’un texte, et c’est le cas de l’inspiration biblique, la seule dont il s’agisse ici. Cette inspiration atteint la volonté, l’intelligence el les facultés executives de l’écrivain.

1" Sans une impulsion donnée à la volonté de l’hagiographe, on ne conçoit pas comment Dieu resterait encore la cause princi[)alc de l’Ecriture. L’homme, dans ce cas, en aurait eu l’initiative el elle serait son œuvre avant tout. D’ailleurs, le texte île S. Pierre (II » Petr., I, 21) est formel : « Ce n’est pas par un effet de la volonté humaine que s’est iiroiluile jadis la prophétie, mais c’est poussésparl’Esprit-Saintquedes liomines ont parlé au nom de Dieu. » Le contextefait assez voir qu’il s’agit directement de la prophétie écrite. D’après l’encyclique l’ruvid, Deus « l’Esl >rit-Saint a excité et poussé les écrivains sacrés à.