Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

701

INDEX

702

pas que l’Eglise n’a fait que iiu-llre sou empreinte sur une orj ; anisalion existante ?

(I Avant de se laisser éblouir par cet ensemble imposant, il convient d’en examiner les éléments un à un. Il y a des cas « ù l’emprunt par l’Eglise est certain, mais ce n’est pas au bouddliisme qu’elle s’est adressée. Prenons, par exemple, le nimbe dont nous entourons la tête du Christ et des saints ; … ce n’est pas à leurs confrères bouddhistes que les artistes chrétiens ont pris ce motif » ; les uns et les antres le tiennent du monde ancien. « De même, les origines de la vie religieuse dans l’Eglise chrétienne sont assez connues pour qu’on soit amené à voir dans les deux monacliismes des institutions indépendantes qui, parties de principes analogues, ont abouti à des formes semblables’. Il ne faut pas aller jusqu’aux Indes pour expliquer l’usage de l’encens. Moins encore pour la pratique du rosaire. M. Garbe croit que le rosaire, qui est connu des bouddhistes comme des sectes brahmaniques, est une importation des croisés. Il trouve même dans le nom de l’objet une preuve de son origine indienne, d’après A. Weber, par une confusion du mot japamàlâ, guirlande de prières, japiiinàtii, guirlande de roses : japa ^prière, japà ^=- rose^. On n’est pas plus ingénieux ! Mais ces arguments ne résistent pas à l’épreuve des faits. L’usage de compter les prières sur des grains enlilés est antérieur, en Occident, à la première croisade et Guillaume de Malniesbury (y 1143) nous apprend que Godiva, femme du comte Leofric, avait un circttliim gemmannn quem filo insuerat ut singulanun contacta singulas orationes incipiens numerum non prætermillerel-’. De plus, le nom primitif de cet objet n’est ni chapelet, ni rosaire. Le plus commun est celui de pater noster, qu’il a gardé dans certains idiomes (par exemple en flamand), et dont la signilication saute aux yeux… Du moment que l’usage s’introduisit de répéter un grand nombre de fois la même prière, par exemple 50 fois ou 150 fois l’oraison dominicale, le besoin d’un compteur se Ut sentir. La forme la plus simple de compteur, c’est un nombre déterminé de petits cailloux ou de grains que l’on fait passer d’un monceau à l’autre. Le perfectionnement qui consiste à enfiler les grains sur un cordon est si élémentaire qu’on peut bien admettre que les Occidentaux ont été capables de l’inventer de leur côté’.

1. GoBLET d’Alviella, Ce que l’Inde doit à la Grèce {Paris, 1897), p. 18r> et suiv., dit trt : s judicieusement : Ces usages (circuuiainhulatioiis. exoi-cismes, litanies, etc.i peuvent s’expliquer par des raisonnements généraux qui se retrouvent dans tous les cultes… Les pratiques de rascétisme sont a peu près aussi vieilles que la religion. Or, partout où les ascètes se sont groupés pour pratiquer plus aisément ou plus complètement les austérités de la vie contemplative, ils ont créé des associations communautaires conçues sur un plan analogue, ,. » De même qu’au moyen tige un serine pouvaitentrer en religion sans le congé du seigneur, de même la communauté bouddhique exige le consentement des parents, des maîtres, des seigneurs. Et ce principe, en Occident comme en Orient, doit flécliir dans certaines circonstances, ’1. Cette confusion n’est pas attestée dans les sources indiennes, A Webkr, Abh. de Berlin, 1867,.340.3.’il ; Inti. AinI.. IV, 2.".0 ; Ind. Lileratur, 1876, p. 326 ; Koppen, Budd/ia, II, 31y, suppose que la première forme du chapelet fut le collier de crânes porté par les Çivaïtes.

3. Gesia Ponti/ïcum (London, 1870), p, 311. Sur toute cette question, voir les articles du P. Tiicrston dans le Munt/i, oct. l’.lOO, avril lUOl, sept, VJ02, juillet l’.l03, maijuin l’jns.

4, Pour des computs très élevés, les bouddhistes chinois ont des images qu’ils percent de ti’ous d’aiguille. Voir J. J, M. DE Groot, Seclarianism and Religions Persécution in China, Amsterdam, 1903-11)04.

« Il faudrait de même examiner de près les autres

détails du tableau. On n’a jamais prétendu sérieusement que l’Eglise ait créé tous les rites dont elle se sert pour honorer Dieu, qu’elle ait inventé les moyens par lesquels s’exprime chez elle le sentiment religieux. Mais il ne s agit pas de cela ici. On veut savoir si elle a emprunté quelque chose au bouddhisme, et si l’emprunt s’est fait sans intermédiaire. Dès que cela sera démontré par des arguments plausibles, nous ne ferons aucune dilliculté de l’admettre. Mais ce n’est pas une de ces hypothèses qu’il sutlit d’énoncer pour entraîner la conviction *. u

Louis DE LA Valliîe Poussin.


INDEX. — I. Sa définition et son contenu. — II. Esquisse historique. — III. Valeur de l’Index et portée de ses interdictions. — IV. Qui peut imposer un Index ? — V. légitimité et nécessité de l’Index. — VI. Réponse aux objections.

I. Définition et contenu. — L’Index est le catalogue des livres que le Saint-Siège a condamnés comme nuisibles à la religion ou à la saine morale et dont la lecture et la détention sont, sauf dispense légitime, interdites aux fidèles. Des auteurs français l’ont parfois appelé Indice ; mais le premier nom a prévalu. La raison de l’une et l’autre appellation est évidente, le catalogue en question ayant pour objet d’indiquer authentiquement ou de dénoncer les ouvrages pernicieux. Outre les ouvrages prohibés nommément, il en est qui sont défendus par des règles générales qu’on trouve au commencement de toutes les éditions de Vlnde-r. Autrefois, lorsqu’un écrivain avait donné des preuves non douteuses de ses tendances obstinément mauvaises, l’inder interdisait la lecture de tous ses livres tant à venir que déjà publiés, même de ceux qui eussent pu en soi n’être pas mauvais. Le motif de ces condamnations globales, prononcées « in odium auctoris », était double : infliger à l’auteur une punition bien méritée ; surtout, prémunir les fidèles contre ses productions, entre lesquelles il leur est souvent diflicile de faire les distinctions nécessaires. Mais cette sévère formule a disparu de la plus récente édition de l’Index, et avec elle son application est supprimée. Certains livres ne sont point proscrits absolument, mais provisoirement et jusqu’à ce qu’ils aient été corrigés (douée corrigantur). Cette correction ne pouvait jadis être entreprise que par la congrégation même de Vlnde.r ou sur son ordre ; actuellement, il suffît que, faite par l’auteur ou par n’importe qui, elle soit soumise au contrôle de la congrégation et approuvée par elle avant toute nouvelle publication de l’ouvrage.

II, Esquisse historique. ^ L’origine de VIndex comme recueil spécial et sous ce titre ne remonte pas au delà du xvi’siècle. Mais, sans parler du « Fragment de Muratorl >i, extrait disciplinaire qui remonte à l’an 196 environ et qui, à côté des livres divinement inspirés et des livres édifiants, permis ou recommandés, au moins pour la lecture i)rivée, signale déjà d’autres livres de provenance hérétique, « ne pouvant pas être reçus dans l’Eglise » ; dès le v" siècle, dans un concile romain tenu en 496, le pape GÉLASF 1"’publiait une liste d’écrits mis au ban delà société ecclésiastique et de l’orthodoxie. Gratibn nous l’a conservée dans son Décret (Can. Sancta Homana, c. 3, d. 15). Vers la fin du xv* siècle, les abus naissants d’une invention excellente, de l’imprimerie, attirèrent nécessairement l’attention des

1. H. Delehaye, 3/u » <’on, 1912, 1.