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INDE (RI’.LIGIONS DE L")

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Ip eliristianisme, le zoroaslrisme auraient profité. — Nous pensons que le troisième point do vue, seul, est justilié, et dans quelques cas isolés.

Plusieurs indianistes distinguent les sources bouddliii |ues antérieures et postérieures au christianisme A notre iivis, cette distinction est au moins ini|)rudente. et les apologistes ont à peine le droit iTen tiri’r parti. Les matériaux du Lotus, du Lalita, duJàtaka. quelle que soit la date de la rédaction de ces ouvrages, sont très probablement fort anciens.

Nous ne pensons pas non plus qu’il y ail deux problèmes, celui des Canoniques etcelui des Apocryphes. A considérer la question du point de vue apologétique, la (lilTérence est grande ; la date tardive des Apocryphes rend aussi moins invraisemblable des inlluences orientales ; et c’est sans doute pour ces raisons que si peu de protestations se sont élevées contre la théorie qui rencontre dans le Pseudo-Mathieu, etc., des rellets du Lalita. Mais les arguments qu’on a fait valoir pour l’inllnence bouddhique dans les Apocryphes ont le même poids et la même nature que ceux relatifs aux Canoniques.

I. Pour expliquer les « parallèles » entre la vie du Bouddha et celle du Christ, parallèles dont il a eu le mérite d’établir un catalogue étendu, R. Sryn 81. suppose que « nos évangiles reposeraient sur une sorte de poème chrétien, écrit à Alexandrie par un.lutcur qui aurait eu sous les yeux une vie du Houddha » (Dds /^ranf^t’liii/n Jestt in seinrn VprJiâltnissen zur Jiuddhasage, 1882 ; Huddha iiiid C/irislus, 1883 et 1887 ; Die liiiddltalegende und dos f.ehen , /fsii, 188/1 et 1897. LiLLiF, Buddhism in Christendoni or Jésus tlie Essene, 1887, est tout fantastique). M. Bartii est-il trop sévère : « Je suis obligé de convenir que, de toutes les solutions possibles, celle de M..Seydel me paraît encore la plus invraisemblable » {liuUetin des religions de l’Inde, dans /leue d’Histoire des Religions, 1885, p..50 du tiré à part) ; et E. Hardy : « Seydel a eu le malheur de lier pour toujours son nom à l’hypothèse la plus insoutenable du monde » ? (liiiddhismus nacli alleren l’àli-Werken, 1890, p. I211.)

Je ne sais, cependant, si la thèse de M. A. Edmunds n’est pasencore moinsplausible Buddliist and Christian (iospels, « oir first compared from ihe originals.

! , ’édit., Philadelphie, 1908-9 ; liiiddhistand Christian

Gospels, 1902, 1904 (daté du Good Friday) ; Can thc pâli Pilakas aid us m fi.fing ihe te.rts « /’tlie Gospels ? 1906 ; Buddhist Texts qnoted as Scriptiire In ihe Gospel of John, a discovery in the loa’er criticism, 1906 ; beaucoup d’articles dans VOpen Court, 1902, igoS, etc., et dans le, ’V/f ;  ;  ; /’ ; ( (Chicago) ; le dernier, Monist, ig12, p. lag, Buddhist l.oans tu Christianity. Ce savant, aussi loyal qu’érudit, a rendu de grands services ànos études ; ilconnait bien le bouddhisme ; il n’a pas, pour le bouddhisme, un enthousiasme irrétléchi ; il proclame que les deux religions sont, pour tout l’essentiel, originales et indépendantes ; son Il introduction historique » (Possibilily of connexion between Christianity and Buddhism) est vraiment une mine précieuse d’informations. (Quelques-unes doivent être vériliées. Par exemple, pour les Indiens de Pantænus, voir DucnKSNn, Histoire ancienne de l’Eglise, III, p. 576.) — VoirJ. Kennedy,./. B. Asiatic Soc., 1902, p. 877 (Système de Basilide et ses sources indiennes) ; 1904, p. 809 (/ndians in Armenia) ; 1907, p. gSi (Early Christian cnmmunities in fndin) ; 1898, p. 2^1 (Commerce of Balnton tvith India ; cf. 189g. p. 482, etBLOcnKT, Bahvlone dans les historiens chinois, lievue Orient Chrétien. 1910) ; E. Hui, t7.sch, iliid., igo4, p. 899 (Mots sud-indiens dans un papyrus du second siècle) ; Garbr, Sdnihhya-Philoso phie, 1894 ; G0HI.ET d’Alvirli.a, Ce que l’Inde doit à ta Grèce, 1897. — Mais M. Edmnnds est persuadé que les rédacteurs de f.uc, ii, 8-1 4 et de Jean, vii, 38, xii, 84, avaient en main ou dans l’oreille des textes bouddhiques, et qu’ils ont cité ces textes sous le titre de Loi ou d’Ecriture. U pense que, jjour Luc, ii, 14, l’original pâli peut nous aider à fixer le texte de la a traduction » grecque : 1e pâli porte a [Bouddha naît] dans le monde des hommes pour le salut et le bonheur », et, parconséquent, il faut lire sùi’^ziy. et non pas îùâoxi’a ;. Ces hypothèses hardies, M. Edmunds les répète depuis quelquedixans, et elles font leur chemin dans le monde. M. V. H. Schoff, qui connaît fort bien les relationscommerciales de l’Inde et de l’Occident, écrit le plus gravement du monde : « Buddhist writings are actually twice qiioted as Scri|)ture in the Christian Gospel of John. » (Monist, 1912, p. 148. — Voir ci-dessous, col. 691, n. i.)

On peut dire que pas un indianiste, pas un « historien des religions » n’a fait bon accueil aux identillcations textuelles de M. Edmunds : des livres bouddhiques très répandus en Occident, pillés par Luc et par Jean, cités sous le nom d’Ecriture, collationnés (Samyutta et Digha) par l’Evangéliste pour élolTer » le récit de la tentation ! Il sullit d’énoncer semblabes propositions. Les partisans de l’emprunt se sont donc tus, généralement, sur les découvertes sensationnelles de l’ingénieux Américain.

Mais, à mon sens, celui-ci a raison contre eux. Comme il le dit très bien : " La force de ma position est dans le fait que le quatrième Evangile contient des citations expresses des écritures sacrées du bouddhisme. » (Monist, 1912, p. j36.) L’hypothèse de l’influence bouddhique n’a de valeur à proprement parler scientifique que si des emprunts, quelques emprunts tout au moins, sont prouvés. Or, si on excepte l’histoire de saint Joasaph, décalquée à une époque tardive sur la biographie du Bouddha, et peut-être quelques thèmes de folk-lore dont nous parlerons plus loin, aucun des « parallèles » qu’on signale ne présente ces particularités qui font reconnaître aux plus prévenus les thèmes apparentés. Vous croyez que les ressemblances s’expliquent au mieux par l’emprunt ? Nous soutenons qu’elles sont dues à la similitude des situations (voir ci-dessous, p. 28-24) ; et vous n’avez pas le droit de dire, vous ne dites pas en effet, qu’elles ne s’expliquent que par emprunt. L’hypothèse de la dépendance ou de l’inlUience reste une simple hypothèse dont vous affirmez, mais dont nous nions la vraisemblance. — M. Edmunds est donc trop heureux de rencontrer, à défaut de coïncidences suffisantes dans les thèmes, des coïncidences verbales qui sont aux discours moraux et aux récits biographiques, par le fait ici très peu concluants, ce que sonlaux fables les traits qui ne s’inventent pas deux fois.

Certains emprunts, comme on sait, sont dénoncés et par les mots et par la parenté des données. C’est le cas pour la légende de saint Joasaph, où l’exacte correspondance de deux récits, même banals dans leurs éléments, ne laisse pas place au doute. C’est le cas pour la mathématique grecque. Les équivalences jâmitra =r àiàyfrpîç, kendra = /-i-jrpn, etc., prouvent l’emprunt, que la similitude de quelques considérations sur la circonférence n’établirait qu’insullisaniment ; mais la suite de ces considérations, le parallélisme dans la succession des thèmes et le mode de démonstration, rendent superflues les équivalences verbales.

Ici manque la suite dans l’alTabulalion, comme l’originalité dans les points de contact ; des coïncidences verbales sont donc nécessaires à la démonstration. Il est fâcheux que celles rencontrées par