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INDE (RELIGIONS DE L’)

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mais dans le voisinage des communautés de moines. Durant la saison pluvieuse, elles doivent se retirer dans les villes ou les bourgs, au sein des quartiers les plus calmes. Le vagabondage leur est interdit. Cliaque quinzaine, les Bhikshus vont au parloir, recevoir leur confession et leur adresser la sainte parole. Il leur est défendu de pénétrer dans l’intérieur du monastère, à moins qu’une religieuse malade ne réclame leur assistance.

Les devoirs des nonnes sont contenus dans liuit ordonnances attribuées au Bouddha lui-même. Le noviciat durait deux ans. Il est probable, bien que les textes n’en parlent pas, que les engagements de la religieuse n’étaient pas plus indissolubles que ceux du moine, et qu’elle pouvait, elle aussi, retourner dans le siècle, quand le siècle, suivant la formule, lui « revenait à l’esprit >'.

Une communauté à deux faces s’entendait du voisinage immédiat et des relations spirituelles entre communautés des deux sexes.

Il y avait des laïcs afliliés au SangUa, à l’Kglise bouddhique, et formant une sorte de tiers ordre : c’étaient les Upàsakas et les Updsikds, les Zélateurs et les Zélatrices. Leur rôle consistait à pourvoir aux besoins temporels des couvents. Pour eux, iln’y avait non seulement pas de noviciat, mais rien qui ressemblât à un lien religieux. Il suflisait, pour prendre rang parmi les Zélateurs et les Zélatrices, de déclarer devant un moine que l’on mettait son recours dans le Triralini, le Triple joyau, c’est-à-dire le Bouddha, le Dharma et le Sangha. Il était interdit à ces laïcs de vendre des armes ou des toxiques, des poisons, au rang desquels on comptait les liqueurs fortes. De plus, on leur conseillait Vuctuple jeune, les huit prescriptions prohibitives concernant le meurtre, le vol, le mensonge, l’ivrognerie ou même le simi)le usage des boissons enivrantes, l’adultère, les repas de l’après-midi, l’emploi des parfums et des guirlandes, mais ces derniers points sont contestés.

Un laïc reconnu indigne n’était l’objet d’aucune censure publique. On se contentait de ne pas lui accorder ou de lui retirer l’écuelle à aumône, c’est-à-dire que l’on refusait ses dons et que l’on passait à sa porte, sans s’y arrêter. Le seul cas où l’on déclarait ainsi l’indignité de l’Upâsaka, c’était, non pas lorsqu’il manquait à l’une des prescriptions susdites, il ne l’iït bientôt resté personne, c’était lorsqu’il cherchait à nuire à la communauté, ce qui pouvait avoir lieu de huit façons différentes, nettement déterminées. On lui passait tout le reste.

Le mode le plus fréquemment employé par les Zélateurs pour venir en aide à la communauté, c’étaient les repas. On distinguait les repas par arrangement, sur invitation, par souscription, les repas de quinzaine. Il y avait aussi, toujours pour l’entretien des moines et des religieuses, les fondations à temps ou à perpétuité. Parfois les Zélateurs n’attendaient pas qu’on vint les trouver ; ils se rendaient eux-mêmes dans les vihàras, et parcouraient les cellules en demandant : « Qui de vous est malade, ô révérends ? A qui dois-je apporter quelque chose et quoi ? »

En retour de ces bienfaits, les Bhikshus promettaient à levirs bienfaiteurs l’entrée dans le néant ou Nirvana, à la plus brève échéance possible. C’était tout ce qu’ils avaient à offrir et tout ce que l’on en pouvait attendre raisonnablement.

Décadence du /louddhisme. — Rien d’ennuyeux comme les si)éeulations du Tripitaka. rien de vide ni de creux comme ces traités prétendus philosophiques, où, dans l’absence à peu près complète d’idées, les

mots s’accumulent et les phrases s’entassent, et cela dans un style que M. Bahth estime le plus insupportable de lous{Iielcgions de V Inde, -p.’^i).ie n’ai pas à m en occuper ici, non plus que du panthéon bouddhique, né d’ailleurs après le Bouddha, qui en est, cela va sans dire, le plus grand personnage. L’iconographie, telle qu’elle nous est parvenue, ne se compose que de figures plus laides et plus grotesques les unes que les autres, si toutefois on excepte certaines sculptures, dues à l’intluence occidentale. Son étude ne va pas, non plus, au but que je poursuis.

Il me reste à dire le sort du Bouddhisme dans l’Inde.

Il existe deux courants de traditions, celui du midi et celui du nord. Les traditions du midi, outre les deux conciles dont j’ai parle, en signalent un troisième qui aurait eu lieu sous le règne et par les soins à’Açoka, de la dynastie des Maurvas, fervent propagateur du Bouddhisme dont il fut, en quelque sorte, le Constantin. Açoka vivait au troisième siècle avant notre ère. De nombreuses inscriptions, qu’il fit graver sur la pierre ou sur le cuivre, nous sont parvenues. Elles sont écrites dans un alphabet qui fut déchiffré par l’Anglais Pkixsep. Le roi s’y donne le litre de Pitodùsi (en sanscrit Priyaduri ; m : celui qui regarde avec bienveillance) et de /Jei’Hni/m/ïnn (Devdnûnipriya : l’ami des Dieux). Il érigea, dit-on, jusqu’à quatre-vingt mille Stiipas. Il envoya son lils évangéliser Cejlan, qui est demeuré lidèle au Bouddhisme. h’anislika, de ladynastie indo-scythe, assembla, vers l’an loo de notre ère, un nouveau concile pour fixer définitivement le canon bouddhique, mais tous n’en acceptèrent pas les décisions. C’est alors qu’aiiparaissenl les deux sectes fameuses, appelées à se partager le monde bouddhique, celle du Ilinayùnn ou Petit-Véhicule qui se piquait de rigorisme orthodoxe, et n’admettait que les religieux, et celle du Grand-Véhicule, ou Mahàyâna, qui s’adressait également aux laïcs. Le Mahàyâna recommandait la bienfaisance active et non pas seulement la non-nuisance ou Valiinisii, qui résumait, dans le Brahmanisme les devoirs à l’égard du prochain. Le Nirvana était moins le néant que l’apparence du néant.

Le Petit-Véhicule descendit au sud de l’Inde où il est resté, tandis que son rival, non sans quelques cahots, il est vrai, gravit les hauts plateaux de l’Himalaya pour se répandre en Chine, au Tibet, au Japon, etc.

A partir de cette époque, on ne suit i)lus que vaguement les progrès ou le recul du Bouddhisme dans l’Inde. Les dynasties grecques, scythcs, parlhes, mongoles, qui se succédèrent dans la vallée gangétique, loin de persécuter le Bouddhisme, devenu depuis longtemi)S une religion, l’avaient adopté. Il n’en fut plus tout à fait (lemême, quand cette partie de l’Inde (nord-ouest) retrouva ses rois nationaux. Sans être ouvertement hostiles au Bouddhisme, ces princes revinrent à la religion de leurs aïeux et furent Vishnouites ou Ciyaï/<’s plutôt que Bouddhistes, si bien que le pèlerin chinois Jlioan-Tsang, qui visita cette contrée au vn « siècle de notre ère, constata que le Bouddhisme n’y progressait plus. C’était même la décadence, Jine décadence qui, à partir de cette époque, alla toujours s’accélérant. Aujourd’hui l’Hindouisme règne en maître dans ce pays qui fut le berceau du Bouddhisme, et celui-ci n’y a laissé que des ruines.

D’après M. Barth (op. cit., p.8 1), le Bouddhisme a été frai)pé d’une décrépitude précoce, que l’éminenl indianiste attribue, entre autres causes, à la doctrine même de son fondateur, à l’aversion de celui-ci pour le surnaturel, à ses conceptions lro|) abstraites pour un peu])le sensuel, à sa façon malsaine surtout de poser et de résoudre le problème de la vie.