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monothélisme. Ses lettres n’ont pas le caractère d’une définition dogmatique. On peut blâmer sévèrement sa conduite, on ne peut s’en faire un argument contre l’infaillibilité pontiûcale.

BiBUOGRAPHiE. — On trouvera la question d’Honorius traitée dans la plupart des historiens de l’Eglise, Baronius, Pagi, Noël Alexandre, Hergenroether, etc., dans les théologiens, au traité du Pape ou de l’Eglise. Les documents concernant cette affaire sont réunis dans les collections conciliaires en même temps que les actes du VI° concile, Mansi, t. XI ; Labbe, t. VI ; saint Maxime le Grand, adversaire du monothélisme, parle souvent dans ses œuvres d’Honorius, Migne, P. G., t. XC, XCI. Parmi les dissertations spéciales svir Honorius, nous citerons : Thomassin, In concilia dissert, xx ; Combelis, Diss. pro Actis VI synodi, et Hist. monoth. : Garnier, De causa Honorii dans l’app. ad Libr. dinrnum ; Ballerini, De vi ac ratione primntus, cap. XV, §9 ; Dom Guéranger, Z>é/"e « se de l’Eglise romaine, i et iii, Paris, 18^0 ; Réponse aux dernières objections, ibid. : Schneemann, Studien iiberdie Honoriusfrage, Frib., iSji ; Bottemanne, />e Hon. Papæ epistolarum corruptione, Bois-le-Duc, 1870 ; Pennachi, Œ //on. i ?. P. causadissert., 1870. Rome ; Colombier, La condamnation d Hon. dans les Eludes religieuses et littér., 1869- 1870 ; Jungmann, Dissert, selectæ in Hist. eccL, t. ii, diss. xii. De causa //on. ; Oswepian, Die Entstehungsgeschichle des Monothelismus nach iliren Quellen gepriifl u. dargestellt, 8°, Leipzig, 1897 ; Monotheleten, dans Herzog, liealencrklopædie’^, 1908, t. XIII, p. 40’4111 ; A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte. Freiburg, 189^. t. II, p. 899-408 ; J. Cliapman, TIte condemnation of pope Honorius, in-16, L, ondon, igo’j. publié d’abord dans la Dublin lie^ien, juillet 1906 et janvier 1907. Ce dernier, en reprenant la question contre l’évêque anglican Gore, a bien montré qu’Honorius n’a parlé qu’en docteur privé et que le concile même qui l’a condamné a rendu témoignage à l’autorité de la chaire romaine. G. Kriiger, dans Healencvklopædie^, iijoo.l. VllI, p. 318-815 ; voir aussi la question dans Hefele-Leclercq, Histoire des Conciles, t. 111, i" partie, ]>. vi. 828 n., 848, 347-864, 876-387, 892, 894 n., 515-538, et les deux bibliographies très abondantes données par Dora Leclercq, Ibidem, yi. 828 et 847. Cf. aussi Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, au mot Honorius.

F. Cabhol, O. s. B.


HUMILITÉ. — L’humilité chrétienne n’a pas été connue des philosophes et ne peut être appréciée des incroyants ; nous verrons pourquoi en disant ce qu’elle est. Aussi n’est-ce point pour eux que nous écrivons cet article apologétique, mais pour les croyants qui, sans oser condamner l’humilité, trouvent qu’on accorde à cette vertu passive une place trop prépondérante dans l’enseignement de la morale chrétienne. A les entendre, on risque, en prêchant trop l’humilité et ses désirs d’effacement, de former des chrétiens inaptes aux luttes de la vie moderne. Il faut avant tout donner aux fidèles, avec la conscience de leur dignité, un souci plus ardent de défendre leurs droits et de mettre leurs énergies en valeur, tant à leur profit personnel qu’au bénéfice des’sociétés temporelles et de la société spirituelle dont ils sont membres.

En réponse à cette critique moderne de l’humilité, nous verrons comment l’humilité bien entendue, telle que l’Eglise et l’Ecriture la recommandent, telle que la théologie la conçoit, favorise j)lus qu’elle ne comprime le développement normal de notre activité et

répond aux exigences delà vie contemporaine. Voici les divers paragraphes que cette réponse comporte :
I. Doctrine actuelle de l’Eglise.
II. L’humilité dans l’Ancien Testament.
III. L’humilité dans le Nouveau Testament. —
IV. Concept théologique de l’humilité.
V. L’humilité et la magnanimité.
VI. L’humilité et la vie moderne.

I. Doctrine actuelle de l’Eglise.

Nous en empruntons la formule à la Bulle donnée par Léon XIII pour la canonisation de saint Benoit Labre, 15 décembre 1 881 : « Il faut donner la première place aux vertus par lesquelles nous sommes directement conduits à Dieu, comme l’explique le divin Thomas (lia Ilæ q. 161, art. 5, ad 4""). mais pour que ces vertus (théologales) puissent entrer dans les esprits des mortels, y rester et y croître avec leur fruit de salut éternel, il faut, pour ainsi dire, d’ouvrir des portes par où elles puissent pénétrer, y poser des fondements sur lesquels elles puissent tenir. Or les Saintes Lettres, aussi bien que l’enseignement unanime des Pères, nous apprennent que cette porte, ce fondement des vertus principales, c’est l’humilité, dont saint Augustin dit à bon droit(Se ; mon lxix, P. L., t. XXXVIII, col. 440’Penses-tu construire un grand édifice de sublimité, pense d’abord au fondement de l’humilité. »

Voici maintenant en quels termes le même Pontife, après avoir si nettement aflirmé l’excellence de l’humilité, l’a défendue contre les insinuations des fauteurs de l américanisme : « Ils partagent comme en deux genres, en vertus passives et en vertus actives, toutes les vertus chrétiennes et ils ajoutent que les premières convenaient mieux aux siècles écoulés, tandis que les secondes sont plus en rapport avec le temps présent. Que penser de cette division des vertus ? La réponse est obvie : de vertu qui soit véritablement /) « ss, ie. il n’en est pas et n’en peut être. Le mot vertu, dit saint Thomas (I » Ila « , q. 55, art. i), désigne une certaine perfection de la faculté (d’agir) ; mais la fin de la faculté, c’est l’acte, et l’acte de vertu n est jamais autre chose qu’un bon usage du libre arbitre, aidé assurément de la grâce de Dieu, si l’acte de vertu est surnaturel.

"Quant à dire que, parmi les vertus chrétiennes, il en est qui sont accommodées à certains temps et d’autres à d’autres temps, celui-là seul y consentira qui ne se souviendra plus des paroles de l’Apôtre : Ceux qui ont été l’objet de su prescience, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l’image de sonFils (Rom., vni.ag). Le Christ est maître et modèle de toute sainteté ; c’est à cette règle que doivent être nécessairement adaptés tous ceux qui ambitionnent de prendre place parmi les bienheureux. Or le Christ ne change pas au cours des âges, il est toujours le même, hier, aujourd’hui et pour les siecles (Hebr, xiii, 8). C’est donc aux hommes de tous les temps que s’adresse cette leçon : Venez à mon école, car je suis doux et humble de coeur (Matth., xi, 29). Il n’est aucun temps où le Christ ne se montre à nous fait obéis- 1 sant jusqu’à la mort (Philip., ii, 8), et c’est pour tous les siècles que vaut la parole de l’Apôtre : Ceux qui sont du Christ ont crucifié leur chair avec ses vices et ses concupiscences (Cal., v, 24).

" Plût à Dieu qu’il y eût davantage de fidèles à cultiver ces vertus comme les hommes les plus saints du temps passé, qui, par leur humilité d’esprit, leur obéissance et leur abstinence, furent puissants en œuvre et en parole, pour le plus grand profit, non seulement de la religion, mais dubien juiblic et de la société civile. » (Encyclique Testem benevolenliæ nostrae, 22 janvier 1899.) Cet enseignement n’est que l’écho fidèle des leçons delà Sainte Ecriture.