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GRECQUE (ÉGLISE, !

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lui aura montré que sans une autorité suprême, visible et pcrniancnle, l’Eglise est une société mal organisée, incapable de remplir d’une manière convenable et vraiment ellicace sa mission surnaturelle, et par conséquent une société indigne d’avoir un Dieu pour fondateur. Sa conviction sera augmentée par les signes visibles de l’approbation divine qu’il découvrira dans le catholicisme et qu’il ne trouvcrapas dans VOrlliucloxie.

Voilà l’idée générale de la démonstration que peut établir l’apologiste catholique à l’adresse des scliismatiques orientaux pour leur prouver que leur Eglise n’est pas la véritable Eglise fondée par JésusChrist. Toute la force de cette démonstration réside dans la comparaison avec l’Eglise catholique. Mise en face de celle-ci, l’Eglise orthodoxe se trouve en délicit sur toute la ligne, qu’il s’agisse de l’unité, de la sainteté, de la catholicité ou de l’apostolicité. Qu’un Orthodoxe donne à ces termes le sens qu’il voudra (et certains sens arbitraires lui sont interdits, en vertu même de ses principes), pourvu qu’il leur en donne un qui exprime quelque chose qu’il soit mieux pour une société chrétienne d’avoir que de ne pas avoir ; qu’il minimise cette signification jusqu'à ce qu’elle cadre parfaitement avec l'état de l’Eglise orthodoxe, il sera obligé de convenir, en jetant sur l’Eglise catholique un regard attentif, que cette Eglise possède en fait d’unité, de sainteté, de catholicité et d’apostolicité. tout ce que possède l’Eglise orthodoxe, et qu’en plus elle possède quelque chose de mieux, déplus parfait, de plus divin, dans le même ordre d’idées. Et cette supériorité ne sera point légère ; on la verra écrasante ; elle n’apparaitra point transitoire ; on constatera par l’histoire qu’elle dure depuis la séparation.

Par ailleurs, l’Eglise orthodoxe n’aura rien à faire valoir qui compense son déficit et lui donne l’avantage sur l’Eglise catholique. Ses théologiens en seront réduits à chicaner sur l’apostolicité de doctrine. Ils se rabattront sur l’addition du Filioque au symbole, pour accuser l’Eglise catholiqiie d’avoir altéré par addition le dépôt doctrinal des sept conciles, accusation sans portée, tant qu’on ne prouve pas que les conciles œcuméniques ont condamné comme une erreur la doctrine exprimée par le Filioque. Ils invoqueront contre la primauté de droit divin de l'évéquede Rome descanons au sens ambigu, comme le troisième canon du concile de Constanlinople en 38 1, le vingt-huitième canon de Chalcédoine, plusieurs canons du concile in Trullo, comme si ces canons avaient eu dans l’ancienne Eglise une valeur œcuménique et comme si l’Eglise d’Occident ne les avait pas constaranienl rcjctés. L’addition du Filioque, des canons considérés faussement comme œcuméniques, voilà tout ce que le théologien russe MaCAiRE produit pour convaincre l’Eglise romaine de n'être pas la véritable Eglise, conformément au critère qu’il a posé : a La véritable Eglise est celle qui conserve réellement et sans variation la doctrine infaillible de l’ancienne Eglise œcuménique et lui reste fidèle en tous points i, Indroduction à la théologie orthodoxe, traduite par un flusse, Paris, iSô^.p.ôGô-ô ; ^. Nous concédons volontiers au P. L’rban que l’Eglise orthodoxe possède une certaine unité, une certaine sainteté, une certaine catholicité, une certaine apostolicité ; et cela n’a rien d'étonnant, puisque cette Eglise conserve la plupart des éléments essentiels de l’Eglise fondée par Jésus-Christ et que Dieu ne refuse point sa grâce aux âmes de bonne foi qui usent des moyens de salut institués par lui. L’apologiste catholique ne niera point de parti pris l’existence d’un certain degré de surnaturel et de divin dans l’Eglise gréco-russe. Sa méthode consistera

à montrer que ce minimum est insuflisant pour faire de cette Eglise l’héritière authentique de l’Eglise des huit premiers siècles et que seule l’Eglise catholique peut revendiquer légitimement ce titre.

Xous ne pouvons développer ici les détails de la démonstration dont nous venons de donner le plan général. Ce que nous avons dit de l’histoire du schisme et de ses causes, des divergences dogmatiques et des caractères de la polémique des théologiens photiens, peut fournir plusieurs éléments de cette démonstration relativement aux notes d’unité et d’apostolicité. Pour ce qui regarde les notes de catholicité et de sainteté, il en sera parlé fort à propos à l’article Russe (Eglise).

BiBLioGHAPaiE. — l. Sun l’organisation intériedrb ET l'état actuel des Eglises autocéphales. — On trouvera tous les renseignements désirables dans la Revue des Echos d’Orient, passim (parait depuis 1897). 'Voir un aperçu sommaire par R.Janin : Les groupements chrétiens en Orient, i. IX (190fi), p. 330 ; t. X(190 ;), p. 43, lO". 136. Voir aussi les articles sur chaque Eglise particulière parus dans le Dictionnaire de théologie Vacant-ilangenot : Alexandrie, par J. Pargoire, t. I, col. 986-801 ;.4ntioche, par S. Vailhé, ibid., col. 1 399-1 433 ' BosnieHerzégovine, par X. Palmieri, t. II, col. io35-io/19 ; ^n/o-Arie, par S. Vailhé, ibid., col, I174-'a36 ; Carloxiiz, par J.Bois, ibid., col. 1554-1776 ; Chypre, par A. Palmieri, ibid., col. 2424-2472 ; Constantinopte, par S. Vailhé, t. III, col. 1307-1619. Ce dernier article renferme un aperçu sur toute l’histoire du schisme et met particulièrement en lumière l’ambition des patriarches de Constantinopte. Sur la Serbie et la Bulgarie chrétiennes, voir les articles du baron d’Avril dans la Revue de l’Orient chrétien, t. I et U (1896-1897). Voir aussi les Chroniques du Bessarione (parait depuis 1896) et de la Hevue catholique des î'^/ises (1904-1908).

II. Sur l’histoire du schisme et ses causes. — L. AUatius, De Ecclesiæ occidentalis atque orientalis perpétua consensione libri très, Cologne, 1648 ; Maimliourg, Histoire du schisme grec, Paris, 1677, 2 vol ; Tosti, Storia deW origine dello scisma græco, Florence, 1856, 2 vol. ; Pitzipios, L’Eglise orientale, Rome, 1855 ; Pichler, Gescbichte der Kirchl. Trennung ztvischen Orient und Occident, Munich, 1864-1865, a vol. (à l’index) ; Hergenrœther, Photius, Patriarch von Constantinopel, sein Lehen, seine Schriften und das griechische Schisma, Ratisbonne, 1867-1869, 3 vol., ouvrage capital sur la préparation du schisme à partir de Constantin et sur sa consommation avec Photius et Michel Cérulaire. La question théologique est touchée en plusieurs endroits.. Lebedev. Histoire de la séparation des Eglises aux IX’XI" siècles, Moscou, 1900 (en russe) ; K. Demetrako poulos, 'Irro^e’a TCJ fTyisuy.TC : T< ; >aTivi/v ; i bu/r, 7ty, : Sf.Tri ri ; ^ ip6< : icXoj iJjryirf.i, Leipzig, 1867 ; J. Pargoire, L’Eglise byzantine de 5'J7 à S’il, Paris, 1906 ; A. Fortescuc, fhe orthodox eastern Churcli, Londres, 1907, aperçu général sur toute l’histoire du schisme et sur l'état présent de l’Eglise orthodoxe ; F.Tourncbize, L’Eglise grecque-orthodoxe et l’union, ("partie, Paris, 1900 (collection Science et religion) ; Jager, Histoire de l’holius. Paris, 1845 ; A. Lapôtre, L’Europe et le Saint-Siège à l'époque carolingienne, 1" partie : Le pape Jean VIII, Paris, iSgS ; L. Bréhier, Le schisme oriental du XI' siècle, Paris, 1899, ouvrage excellent qui peut dispenser des au très sur la même question ; N.Souvorov, £e/)<7/)evi : an ?(n, Moscou, 1902, ouvrage russe consacré à Michel