Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.

permission de se promener dans la ville, sur la promesse formelle de ne pas s’aventurer du côté de la fête.

Hawa avait prié une négresse de ses amies de passer l’après-midi chez elle. Elles l’occupèrent à converser et à se tresser mutuellement les cheveux. C’était là un des éléments les plus compliqués de leur toilette. Leurs cheveux, en effet, étaient petits et crépus, les doigts y avaient peu de prise et le nombre de tresses nécessaire pour qu’une tête fût décente était d’une trentaine au moins.

La nuit les surprit à leur besogne. La visiteuse se hâta de retourner chez elle et Hawa demeura seule. Elle tira les verrous, entra dans la cuisine et remplit d’eau une bassine. Elle se dévêtit, se lava les pieds, les bras, le visage et, avec la même eau, se rinça la bouche. Accroupie devant sa bassine, elle soufflait bruyamment, car cette position rendait ses mouvements pénibles. Ses longs seins, suivant l’inclinaison du buste, se balançaient ou s’étalaient par terre. Lorsqu’elle eut terminé ses ablutions, elle se releva. Son corps bronzé vu de face était étroit, les hanches étaient serrées, les jambes fines ; vu de profil, il présentait des courbes prononcées qui, toutes, celle du ventre, celle du dos, celle des cuisses venaient aboutir à l’extrémité du cul énorme et pointu.

— Hawa ! Hawa ! cria une voix nasillarde ;

— Oh ! ma mère ! s’exclama l’esclave saisie par cet appel.