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Simple est une de ces œuvres-là, Goha le Simple réalise ce miracle.


J’ai lu sur l’Orient tout ce qu’on peut en lire, aussi bien les contes délicieux et féeriques de là-bas, que les insignifiants et mornes romanciers d’Europe. Tranquilles amours de nos ministres plénipotentiaires et de nos consuls généraux, méditations occidentales devant une colonne brisée, un temple ou une momie… je me sens gagné d’une immense fatigue rien qu’au souvenir de ces platitudes. Quant aux conteurs d’Orient que j’aime, qui m’attendrissent, ils me plongent dans un monde de rêve où je me sens grisé, mais où je ne vois pas.

Je n’ai compris l’Orient, je ne l’ai vécu que le jour où j’ai lu Goha le Simple.

Ouvrez le livre, regardez… Ce sont des faits qu’on nous donne, des faits choisis non parmi les plus singuliers, mais parmi les plus communs, parmi ceux qui font l’existence quotidienne… Les auteurs se sont interdit le lyrisme auquel, hélas ! nous nous laissons trop facilement prendre… Ils ne cherchent pas à séduire