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L’AVIATION MILITAIRE

armes actuelles, on escompte presque les succès et les revers. On sait, bien à l’avance, que la mobilisation de telle puissance demandera tant de jours ; que les batailles se livreront aux environs de telle localité. Entre nations on se compte les soldats, les canons ; on en déduit des certitudes de supériorité ou de faiblesse ; et ce sont ces situations avérées qui guident les nations dans le choix de leurs alliances.

La transformation des armées terrestres en armées aériennes changera profondément toutes les conditions économiques, politiques, diplomatiques et militaires de l’Europe, desquelles on ne pourra tirer, au début, la moindre indication précise. Et la sagesse même n’y suffirait pas pour discerner, parmi tant d’influences contradictoires, l’alliance la plus judicieuse à contracter aériennement.

Nous avons déjà admis que les puissances les plus immédiatement influençables par l’apparition de l’aviation armée sont l’Angleterre, la France et l’Allemagne ; n’en envisageons donc pas d’autres pour le moment.

Les réflexions faites au sujet du thème : l’Angleterre contre l’Allemagne, nous empêchent de concevoir une alliance entre elles, leur rivalité, dans leurs prétentions économiques, n’étant qu’à ses débuts et devant perpétuer leur désaccord. Dans quel but, d’ailleurs, s’allieraient-elles ? Pour écraser, ensemble, la France ? Cela n’est pas à craindre, car l’Allemagne deviendrait bientôt prépondérante et ne tarderait pas à faire une réalité de la supposition qui la représentait occupant les côtes de la Manche ; ce à quoi les Anglais ne consentiraient jamais. Par conséquent, de nos jours, rien n’indique la possibilité d’une alliance anglo-allemande.