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LORD LYLLIAN

tales ?… je n’en sais rien, et j’avoue que là, les religions, les dogmes me dépassent. Pourquoi en raison d’un prétexte ou d’un préjugé, veut-on nous transcréer, opposer l’esprit au corps par je ne sais quelle vanité de domination ? Kant avait un mot très juste pour qualifier cela. Et lorsqu’il voyait un homme pratiquer l’ascétisme intérieur, il murmurait : « Uebermensch… » sans oser l’approuver.

Croyez-moi, que ce soit le dieu d’amour, le dieu de colère, le dieu de contemplation, : jusqu’à présent tous les dogmes et toutes les philosophies se sont plu, en nous trompant, à exalter la destruction de la race par la destruction de l’instinct. Prenez le Christ. Son geste est un sacrifice. Sa prière est une souffrance. Songez aux martyres et aux fanatiques. L’existence est une lourde peine qu’on doit rendre passagère. La mort se change en délivrance, presque en extase : au-delà, qu’y a-t-il ! des chimères. Et c’est pour ces chimères-là qu’on dédaigne la Terre.

» Prenez maintenant Molock, Jéhovah, Allah, n’importe quel tyran de crainte. C’est un peu plus humain, puisqu’on a peur. Mais ici encore, la divinité réprouve la joie de vivre, — cette mère de toutes les sensualités fécondes. — Le paradis s’ouvre à ceux qui se font le plus vite écraser.

» Vient enfin Bouddah, qui prône la passivité. Pour moi Bouddha pique une flemme. Mais encore la vie passe-t-elle, tranquille en effet, dépourvue de jouissances et de plaisirs, sans qu’on veuille l’abréger.

» Voilà pourtant ce que le monde accepte.

Tas d’imbéciles !

Trop hypocrites pour avouer la contradiction ma-