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LORD LYLLIAN

jusqu’à l’âge d’homme. Quels sortilèges, quels poisons secrets lui avaient donc ravi son cœur d’autrefois ? Oh misère ! Ne plus avoir d’endroit où aimer, où dormir, où mourir ! Vagabond désormais, il serait condamné à parcourir le monde, sans foyer, sans repos. Il avait voulu délier la terre, la défier par sa jeunesse, par sa beauté, par sa naissance, par son argent, par son sourire ! la terre se vengeait ; il avait été égoïste, menteur, sensuel, effronté et lâche… Les ancêtres l’avaient jugé, les ancêtres le chassaient…

Alors, Renold, lord Lyllian, comprit tragiquement que l’expiation commençait… Des larmes lui montèrent aux yeux, larmes de remords et de regrets, larmes amères de tout le mal qu’il avait fait, de tout le bien qu’il avait gâché, de tout le temps qu’il avait perdu…

Et, courbant la tête devant les portraits silencieux et rigides, le jeune homme murmura : Pardon !…