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XV

Une odeur persistante et douce, comme un relent de fleurs fanées, saisit Renold, lorsque, tout essoufflé encore d’avoir couru, il entre, rose et charmant, dans la chambre de son ami.

— Qu’y a-t-il ? Pourquoi m’avez-vous demandé ? Vous savez que je suis ravi de vous voir ? Bonjour… Oh, comme vous êtes changé !…

Il n’osa pas continuer. Les mots s’arrêtèrent sur ses lèvres. La vision épouvantablement pâle et moribonde d’Axel Ansen lui avait appris, tout d’un coup, la vérité.

Le malheureux cependant souriait ou essayait de sourire, et tendait à Lyllian une main décharnée. Dans la pénombre claire des persiennes fermées, c’était le désarroi des chambres de malades, de malades privés de soins et de tendresse, de ceux qui agonisent loin du pays et loin des leurs. Des fioles traînaient partout. Luisant de sa courte flamme vacillante et jaune, une