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MESSES NOIRES

des mines d’enfant il m’a avoué ses désirs et ses rêves. Il a étudié pendant cinq années les lettres à Upsaal. Le fameux Evélius a été son professeur de grec et, d’après son inspiration, Ansen est devenu un dilettante et un érudit. Il a composé là-bas un travail sur les légendes de Lysilla qui fut accueilli très favorablement… Il ajoute même que je suis une incarnation de ces légendes-là… Puis la maladie l’a surpris en plein labeur, en plein succès. Son énergie s’en est trouvée atteinte et son talent déjà robuste « miniaturisé ». D’érudit il est devenu poète et ce qui est assez rare, mon cher, dans le nord comme ailleurs, un poète à idées…

Le lendemain du jour que je vous ai conté il ne parut pas, comme s’il avait été honteux de me revoir. Le matin d’après, je reçus des fleurs et des vers. Et maintenant, à chaque aurore, les fleurs me disent sa tendresse, les rimes me chantent sa pensée.

— Vous en aurez bientôt assez…

— Pourquoi ? J’aime les changements… c’est vrai. Mais j’aime aussi revenir à mes anciens péchés. Voyez vous-même. Vous n’avez certainement pas oublié la soirée que nous eûmes l’avantage de passer chez cette petite volaille de Venise. Vous devez m’en garder rancune. Soit… qui ai-je vu, voici quinze jours dans le hall de mon hôtel ? M. d’Herserange, tout à coup, que je croyais au diable à moins qu’il ne fût à Dieu…

— Des grâces pour le souhait. Le fait est que je m’ennuyais à Venise et que je préfère la Sicile et vos impertinences à la lagune sans vos yeux. J’ai laissé della Robbia piloter Jean d’Alsace dans les mauvais lieux.

— Où il se rend comme au sacerdoce.