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LORD LYLLIAN


Comme un bouquet du clair jardin
Où ma rêverie se promène
Avec la grâce souveraine
Qu’ont les sourires de dédain…

Mais certains soirs mon âme change
Et je te veux éperduement,
L’âpre désir fouette mon sang
Ce sont les voix des mauvais anges.

Et c’est Eros qui te tuerait !

 

— Comment trouvez-vous cela ? dit lord Lyllian en piquant des violettes blanches à sa boutonnière. Il avait lu les vers, d’une lettre qu’il tenait à la main toute fraîche décachetée, et d’Herserange, se gardant de l’interrompre, admirait de ses mêmes yeux boursouflés et sensuels…

— Comment trouvez-vous cela ? Vous ne dites rien… Je prends la peine de vous lire ces rimes qui ont dû se donner beaucoup de mal pour naître. Vous me regardez comme un numéro de vestiaire. Ma parole, mon cher, à force de rajeunir, vous touchez à l’enfance.

— Excusez-moi, Renold… Ils sont très beaux, très jolis et très dignes de vous.

— Et vous ne me demandez pas de qui c’est ? gros rusé, gros renard, gros retors que vous êtes ? Vous connaissez mon caractère, my behaviour, comme on le définit à Londres. Si vous le demandiez, je ne vous le dirais pas, et je vous le dirai puisque vous ne me le demandez point.

C’est d’un petit Suédois, Axel Ansen, rencontré ici, à