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Arthur Arnoult, Jules Vallès et leur groupe ne tarissaient pas en moqueries sur la « Politique de la courte échelle ».

Comme on se passionnait alors ! Le moindre fait était épluché, interprété, les journaux lus entre les lignes, chaque article commenté, souligné. Une vie intense se vivait ; le combat valait la peine d’être combattu. L’opposition, sous ses deux formes, sermentiste et abstentionniste, disposait d’autant d’énergies mûries ayant fait leurs preuves que d’énergies jeunes impatientes de les faire.

***

Mon livre : Idées anti-Proudhoniennes, est terminé. Je le lis à M. Fauvety, qui me donne de précieux conseils et y applaudit. Mais Proudhon était un polémiste si fougueux, si cruel, si redouté, un adversaire tellement craint, que, la lecture de mon petit livre achevée, le directeur de la Revue philosophique me dit :

« Vous ne trouverez jamais un éditeur. »

Je n’avais pas un seul instant songé à cela.

« Quoi ! mon pauvre livre, qui a dévoré toutes mes nuits, ne verrait pas le jour ! m’écriai-je douloureusement.

— Vous avez fait un mot, répliqua M. Fauvety, qui me répéta ma phrase en riant. Essayez de séduire un grand libraire. N’écrivez pas, proposez votre manuscrit vous-même. Qui