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t-il, elle vous prouve seulement qu’elle le connaît et a pu juger votre livre.

— Une femme de cet âge, connaître Proudhon, allons donc, c’est vous qui l’avez soufflée. »

Mme Fauvety était une femme intelligente, lettrée, ayant eu un premier prix de tragédie au Conservatoire. On avait, quelques années auparavant, essayé de l’opposer à Rachel. Un succès, surchauffé par une cabale, lui fit croire un instant qu’elle était, sinon supérieure, au moins égale à Phèdre. Mais Rachel se défit bien vite de cette soi-disante rivale.

Pour Mme Fauvety, c’était l’Empire, c’était M. de Morny, qui l’avaient sacrifiée à Rachel, et elle ne cessa d’être l’une des plus ardentes parmi nous pour combattre le « régime du bon plaisir ».

Les Fauvety avaient une campagne à Asnières, où ils habitaient en été, et où l’hiver ils passaient le dimanche, quand le temps était possible, pour promener « leurs enfants ». Ces enfants étaient deux beaux chiens : un tout petit et un très grand.

Je reçus un jour de Mme Fauvety le billet suivant : « Venez vite, nous avons perdu l’un de nos enfants. »

J’arrivai rue de la Michodière.

« Zozo, me dit Mme Fauvety, a disparu depuis hier. Il faut que vous me rendiez le service d’aller chez un nécromancien pour savoir où