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jour, et vous trouvez à Berlin autant d’amis qu’à Paris.

— Oui, l’Allemagne est plus intellectuelle, plus sérieuse, plus humanitaire que la France, me répondit Arlès-Dufour, et j’ai des tendresses pour elle.

— Etes-vous donc germain par quelque côté ?

— Non, je suis provençal, mais j’aime avant tout la science, le progrès, et je les trouve plus en honneur, plus aimés, plus recherchés en Allemagne, qu’en France. »

Je commençais à batailler aussi sur le « germanisme » avec l’un de mes jeunes amis que m’avait présenté Hetzel durant son court séjour au golfe, et avec qui je m’étais très vite liée, tant nous aimions à discuter sur tout ce qui nous divisait.

Gaston Paris, fils de Paulin Paris, était particulièrement attachant. Avide de vérité, sincère, chercheur, curieux, savant, il n’avait perdu aucune des qualités de la jeunesse, de la poésie et du rêve ; mais ce qui faisait désirer de l’avoir pour ami, pour frère, c’était le charme d’une infinie bonté.

Je n’ai connu plus tard que Mme Sand dont le dévouement à l’amitié fût aussi absolu.

Une main pieuse m’a envoyé, à la mort de Gaston Paris, les lettres que j’écrivais à celui que j’ai toujours appelé mon frère, comme j’avais appelé Jean Reynaud et comme j’appelais Arlès-Dufour : « Père. »