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passer quarante-huit heures pour lui faire visite à Sainte-Pélagie. J’en demande l’autorisation et je l’obtiens.

Mme d’Agoult me donne son Histoire de 1848, qu’elle me prie de remettre à Blanqui, prisonnier dans le même pavillon que Pelletan.

Ronchaud m’accompagne. Sainte-Pélagie est lugubre. C’est la première fois que je pénètre dans une prison. J’entends hurler lamentablement. Pelletan me dit que c’est un prisonnier devenu fou en cellule.

Scheurer-Kestner arrivera dans quelques jours. Il fait d’abord un mois ailleurs. Son crime est d’avoir répandu « Le Léon du Quartier-Latin ».

« Il veut manger du Bonaparte,
Le Léon du Quartier-Latin. »


Et puis, Scheurer-Kestner est républicain. Il a ouvert une souscription en Alsace pour la fondation d’un journal de Vermorel : Le Mouvement et le Travail. Le cabinet noir a décacheté une lettre de Scheurer-Kestner dans laquelle il envoyait à Vermorel 800 francs et lui écrivait :

« Des hommes forts comme vous sont destinés à briser les idoles et à rétablir le culte du vrai Dieu. »

Goût de ces différentes fantaisies : trois mois de prison.

On reçoit dans le « pavillon des politiques ».