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— Et… cette horreur de Michelet ?

— Voici. J’ai connu jadis à Strasbourg le fils de Michelet. C’était un brave garçon, honnête, affectueux, modeste, d’une intelligence moyenne. Il n’avait aucune des qualités qui prédisent la gloire, mais beaucoup de celles qui méritent l’estime dans la vie privée. Plusieurs années après la mort de sa mère, il renonça, ainsi que sa sœur, plus âgée que lui et mariée à un secrétaire de M. de Lamartine, à l’héritage maternel, Michelet le leur ayant demandé et se disant dans la gêne à cause de la perte de ses place et traitement à la suite du 2 décembre.

« Lors de mon entrée en rapport avec le fils de Michelet, c’est-à-dire en 1853, il vivait d’un petit emploi de scribe à la recette générale du Bas-Rhin.

« Son père, que la médiocrité d’une telle situation ne flattait pas, lui envoyait rarement de l’argent ; il avait d’ailleurs les charges d’un second mariage, car il avait convolé avec une nouvelle épouse plus jeune que son fils et surtout que sa fille, et il estimait, après s’être fait livrer l’avoir de ses enfants, que ce qui est bon à prendre est bon à garder. Malheureusement il ne s’en tint pas là. Un jour vint où il s’avisa de découvrir qu’étant employé d’un receveur général de l’Empire, son fils pouvait être considéré comme un suppôt du tyran, chose compromettante pour lui-même, et dès