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plut, il est vrai, à nombre de gens par sa façon extra-solennelle de conduire l’orchestre ; mais certains fragments de Rienzi, de Lohengrin, de Tristan et Yseult, du Vaisseau Fantôme, furent applaudis et goûtés. Beaucoup d’auditeurs, et moi la première, souffrirent de l’abus des cuivres. La plupart le dirent très haut ; je n’en convins qu’en dehors du cercle de Mme de Charnacé et de Mme Vilbort. Fiorentino, Théophile Gautier, discutèrent le talent de Wagner sans la moindre bienveillance. Berlioz, dans son feuilleton du 9 février, fut très dur pour « la musique de l’avenir », tout entier qu’il était à la musique du passé. Il disait préférer Alceste au Vaisseau Fantôme.

Rien n’irritait Wagner comme lorsqu’on appliquait à ses œuvres l’épithète de « musique de l’avenir». « Catégoriser ainsi un homme, répétait-il, c’est le livrer au jugement sommaire des ignorants. Et Berlioz, Berlioz, un musicien comme lui, qui m’enterre en France sous ce terme ridicule ! »

Fiorentino appelait Wagner un « pourfendeur de mélodie ». Et cependant c’était de Lohengrin qu’il avait donné le plus.

J’étais placée entre Challemel-Lacour et Mme Vilbort. Edmond Adam avait le fauteuil qui suivait celui de son ami Challemel. Challemel-Lacour et Wagner, intimement liés depuis Zurich, se voyaient beaucoup à Paris. Au second concert, Challemel me mon-