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seras pas un gros richard, toi, si ton parrain ne veut pas nous aider à garnir ta part des Moulins Héricourt… Il ne veut pas, tu sais, ton parrain. Il veut que tu restes pauvre… Il refuse d’augmenter ta part… À Dieu ne plaise !…

― Point du tout ! ― protesta le bisaïeul ; ― point du tout, Omer !

― Si fait, si fait !… il feint de t’adorer, mon pauvre petit, mais il se défend de t’enrichir, quand il le pourrait en signant l’acte que j’ai dans ma valise…

― Voyons, ma chère dame, ne donnez pas des idées fausses à cet enfant…

― N’est-il pas vrai que vous vous obstinez à ne le pas enrichir, alors que vous admettez vous-même le bon aloi de mon entreprise ? Donc vous n’aimez pas votre filleul, puisque vous immolez son avenir au succès de vos ambitions particulières…

― Madame Cavrois, la passion vous égare… Je vous saurais gré…

― Je veux mettre en garde cet innocent.

― Et contre qui, s’il vous plaît ?

― Contre vous. Je connais vos machinations infernales et celles de vos amis. Elles aboutissent à faire monter sur l’échafaud des milliers d’honnêtes gens…

Omer écarquillait les yeux et s’alanguissait dans la tiédeur des jupes. La tante Caroline imputait des crimes au bisaïeul. La sévérité de l’éducateur ne justifiait-elle pas l’accusation de meurtres ?… Cependant il témoignait de la tendresse, il choyait son élève ; il le contemplait avec des yeux pleins de larmes. À qui fallait-il entendre ? L’enfant écoutait la grosse chatte qui perpétua ses reproches d’une voix geignante et parfois sifflante.

― Virginie m’a confié ses chagrins… Elle tremble que vous ne gâtiez le cœur de son fils. Notre Bernard était un caractère droit, qui répugnait aux allures hypo-