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— Trève, donc !… Paix, là, mes chéries… Point de querelles ! Attendez qu’Omer ait du poil au menton… Alors, vous le conseillerez pertinemment…

― C’est vous, Caroline, qui, déjà, prétendez en faire un petit clerc…, comme vous faites de votre Dieudonné un olibrius de savant…

― Sans doute, et que Dieu m’entende !… Tout n’en ira que mieux.

― La compagnie Héricourt a donc besoin d’aller mieux ?

― J’ai mis ma confiance en Notre-Seigneur.

― Et en vos calculs…, et dans les oracles des Relations Extérieures !

― Sans la grâce, ils ne me serviraient de rien…

― Amen ! dit Malvina, qui éclatait de rire… Priez donc la sainte vierge d’accroître le prix du blé !

― Je le fais sans cesse, ma belle impie ! Et je prie, en outre, pour vos épices de Java, et pour vos caravelles que la tempête épargne !

― Grand merci ! Dieu vous le rende ; et qu’il protège votre spéculation de telle sorte que vos chariots et vos meules débarrassent, céans, les allées et les pelouses…

― Souhaitez-le pour moi, et pour cet enfant…, ma belle.

Ainsi devisaient-elles, aigres-douces, en nouant la laine du tricot, en tirant celle de la tapisserie, en piquant l’ourlet du mouchoir.

Omer Héricourt s’effrayait un peu de son avenir. Malvina proposait ce qu’il eût voulu, si le risque de la mort ne l’avait point détourné des triomphes. Mais il aimait qu’elle lui attribuât du magnifique dans l’âme. Caroline le décourageait, promettant mille études ennuyeuses et longues. Se blottir pour toujours aux bras tendres de maman Virginie, passer les heures de la vie dans une affection mutuelle qui le protége-