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IRÈNE ET LES EUNUQUES

pisme s’y rencontraient à l’occasion de jeux équestres spécialement somptueux.

Colorée par le soleil éclatant, la multitude fit une belle ovation au jeune souverain. Pharès et Eutychès se communiquèrent leurs inquiétudes derrière un pilier. Sur tout l’ovale du monument retentissait l’enthousiasme. Les piques agitées des soldats signifiaient, par mille rayons, la puissance des espoirs séditieux. Au pied du Pi, cette arcade que surmontait la loge impériale, l’escadron des lauréats réussit des évolutions inattendues. Contraignant leurs chevaux à se dresser sur les jambes postérieures, puis à retomber en cadence sur leurs sabots peints en bleu, ils saluèrent ainsi trois fois, réels centaures, la majesté du Basileus. Ensuite ils lui consacrèrent leurs couronnes et leurs insignes de victorieux, tandis que la garde en groupes sur la terrasse du Pi manifestait tumultueusement, avec ses armes et ses gestes dorés, au gré de cette foule grouillante, onduleuse, polychrome secouée par l’émotion de son âme une, intense et véhémente.

Le bruit tonnant du vœu public stupéfia le vieil Eutychès alors octogénaire, impotent, presque aveugle dans une sorte de litière que deux nègres transportaient aux ordres d’un serviteur-médecin. L’eunuque prétendait avoir acquis, au long de son existence, la faculté d’ouïr, selon leurs manières de glorifier, la secrète et véridique intention des masses. Attestant cette qualité de son expérience, et un total d’autres indices, il persuada Pharès du danger proche et de