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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Que chacun reste en sa place !… clame Aétios… Ne confondez pas les hiérarchies…

Mais Alexis persiste :

— Marche, Nobilissime, je tiens ta cotte, et, si l’on me touche, tu guideras mon poing où il faudra frapper avec cette masse !

Ils brandissent leurs lourds reliquaires d’argent, et, les muets en tête, cherchent à se faire jour parmi les gardes, les eunuques, jusqu’à la grille où s’agriffe le peuple.

— Arrêtez ! arrêtez-les !… grogne Pharès.

— Voici nos mains, les aveugles !… offre le peuple à travers les grilles… Voici nos mains, les muets !

— Nos mains, nos mains !

Toutes les mains du peuple s’agitent hors les barreaux, contre la brutalité des soldats.

Pharès glapit :

— À vous, candidats, arrêtez les aveugles !

De loin Alexis brandit sa châsse d’argent au hasard vers ceux qui prétendent le saisir :

— Celui qui ne veut pas que le poids de mon reliquaire enfonce ses mandibules…

Les soldats s’écartent et se ruent sur Damianos qui refuse de se laisser toucher :

— Celui-là, qu’il nous livre passage, je sens une barbe sous mes doigts… Han !…

Confuse, rugissante la lutte s’engage entre les candidats et les aveugles qui brandissent leurs reliquaires, puis assomment, enfin succombent sous les soldats hargneux agriffés aux dalmatiques.