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IRÈNE ET LES EUNUQUES

le croie ? Je t’en supplie, que Ta confiance le croie ! J’obéis seulement au maître…

— Ton ambition et ton intrigue obéissent.

La haine de Marie n’épargnait pas la honte de Théodote qui, pourtant, continua :

— Si l’on ne t’a pas dit mon désir sincère d’expiation, tu as, du moins, entendu l’Autocrator pleurer et gémir durant les nuits, durant les jours, parce que, esclave de mon vœu, déjà je refusais son approche… Il est impossible que Ta perspicacité ne l’ait pas entendu.

— Du gynécée, j’écoutais geindre ce chagrin. Ainsi tu avivais, hypocrite, son désir ! Pour toi, il brame comme un cerf au printemps. Pour moi, il hurle comme un loup, avide de sang.

Souple et timide la cubiculaire s’efforça d’apaiser cette rancune.

— Il est le Maître, l’œil du Théos, celui auquel on ne résiste pas.

— Tu t’accommodes de ne pas résister.

— Le Théos mène le destin de tous…, protestait la pieuse concubine… Si tu prétends me haïr, tu offenseras le ciel qui m’a visiblement élue…

— Visiblement ?

— Tu te révolterais en vain…

— En vain ; oui.

— Alors,… acheva Théodote sur un ton de confidence…, aie pitié de Constantin qui heurte sa tête contre ma porte, depuis que je refuse son approche. Aie pitié de lui, si tu penses l’aimer. Avoue le secret des poisons.