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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Aussi gardons-nous de les humilier davantage, de peur que, devenus digne de pitié, ils réunissent plus de sympathies.

Staurakios s’accoudait derrière elle :

— Il semble utile que nous les montrions au peuple couverts de leurs insignes, entourés de serviteurs, hôtes du Palais.

— Il sera dit qu’Irène et Constantin respectent le malheur de l’adversaire soumis,… prévit Pharès sentencieux.

— Car les peuples se gouvernent avec des mots,… énonça Jean.

— Avec des mots et des cortèges,… complétait Aétios éloquent… Les aveugles et les muets forment un cortège ; et notre clémence est un mot favorable pour la vénération de Vos Majestés.

Constantin se gaussa :

— Rhéteurs grimpez sur la borne, on écoute…

L’inquiétude de Marie s’obstinait cependant :

— Ton oreille a-t-elle écouté tout à l’heure le sentiment du peuple, en faveur des aveugles ?

— Elle a entendu,… accorda l’époux complaisant.

Irène toucha la main de son fils.

— Il importe de craindre qu’un autre n’efface leur prestige de nobles victimes, qu’un autre ne leur succède dans l’imagination du peuple, les visées des ambitieux et la confiance des soldats.

Alors Aétios, levant le doigt, effleura ses paupières et sa bouche.