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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Au mois de janvier, comme il était coutume lors de chaque grande fête, il fut communier sous la Sainte-Sagesse. Revenu dans le Palais il s’occupa comme c’était l’usage, de distribuer solennellement à ses officiers, à ses fonctionnaires, à ses proches, à ses serviteurs, à ses eunuques, les gâteaux de sa propre collation.

Il franchit l’Augustéon qu’entourent des loges pleines de statues, il y salua l’image du Fondateur élevée sur une colonne de porphyre, et celle de Justinien sur un cheval de bronze. Dans Chalcé il donna le pain d’anis aux candidats en uniformes blancs. Il favorisa les scholaires aux lourdes haches dorées, les cataphractaires enfermés dans leurs armures complètes. Ensuite, traversant le Consistoire, il harangua les fonctionnaires de sa maison par une longue homélie pleine d’allusions aux morts violentes et singulières de son père Léon, de son aïeul Copronyme ; il insinua que les traîtres menaçaient toujours la vie du souverain ; il réclama le dévouement de tous ceux qui portaient les insignes à leur bonnet, sur leurs manteaux, au milieu de la poitrine. Dans le Triclinion il renouvela les assurances pacifiques de sa mère Irène aux ambassadeurs et aux légats. On écouta le cortège se dérouler par Daphné, avec un bruit confus de sandales qui claquèrent, de piques reposées sur les dalles, d’écailles de fer bruissant aux pas militaires. Parfois montaient les répons d’une litanie psalmodiée par les castrats de la chapelle impériale. Et puis tout rede-