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IRÈNE ET LES EUNUQUES

m’aimais. Consolatrice… Lumière du Christ, fille de la Rayonnante Pureté… J’ai péché contre ta confiance…

Le silence fut lugubre. Ensuite Marie poussa des cris inarticulés. La suivante pleurait devant l’icône.

D’abord Marie la tint éloignée, puis elle se rapprocha et lui cria avec fureur dans le visage :

— Va… Va… reste loin… corrompue… fornicatrice… urne d’infamie… toi ! Ah… Toi !… Et je t’embrassais les yeux… tes yeux qui… oh !… Et je te caressais les mains… tes mains… tes mains de crime… Ah ! souillée ! Honte du jour… Et je nouais tes tresses qu’il déliait, lui… Et je chérissais ton visage… et… oh ! Pourquoi, pourquoi, as-tu fait cela… pourquoi ?… Je t’avais prise entre les pauvres et les humbles… Je t’avais élevée dans les pavillons de marbre, j’avais, avec toi, partagé mes joies… mes piétés… ma science… mon cœur… Pourquoi le crime, pourquoi ?

La voix déchirante de Théodote s’éleva :

— Arrache mes cheveux. Piétine l’ordure de mon corps… Devance la mort qui menace… Va… j’ai tout mérité…

— Pourquoi ? Je veux, tu m’entends,… je veux que tu dises pourquoi.

— Qui se taira si Ta vertu commande… Attends… Attends un peu que je réprime mon sanglot… Là… ta douleur m’étouffe… Oui, je dénoncerai l’abomination… Tu sais… Il est beau ; d’abord…

L’épouse l’empoignait au voile, la secouait.

— Oui… mais dis pourquoi ?