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IRÈNE ET LES EUNUQUES

enveloppé dans de somptueux habits sacerdotaux. Quand le magistrat l’eut blâmé pour idolâtrie, les soldats l’emmenèrent, sous les coups et les huées, jusqu’au Pelagion, s’armèrent de tridents, et le mirent en pièces avec sa dalmatique en fils d’or. Vers les eaux immondes, ils traînèrent, dans le tissu précieux et saigneux, tout le poids inerte de l’apôtre.

Il était une religieuse nommée Anthusa. Elle vivait dans la solitude en grand renom de piété. Copronyme la fit tirer de sa cellule et, n’obtenant pas son apostasie, il lui infligea, par la main du bourreau, dans l’Hippodrome, une fustigation publique. La plèbe militaire ricana quand la chemise commença de se tacher en rouge sous le cinglement des lanières.

Ce devint le spectacle fréquent du cirque. Dans l’immense amphithéâtre, les martyres remplacèrent les courses de char et les combats d’animaux féroces, pour le goût de l’assistance. Elle se plut à voir promener sous le soleil, autour de la Spina, dans le stade, des moines et des courtisanes liés ensemble. Elle invectivait contre les couples par des injures obscènes, par des gestes lascifs. Dix mille têtes hargneuses, par-dessus les manteaux de couleur insultèrent, avant que le sang jaillît de leurs troncs décapités, Constantin Podogune, logothète du Drome, son frère, le domestique des Excubiteurs, les deux patrices Antiochus commandant de la Sicile, et David, le spathaire comte des Obséquiens, Théophylacte d’Iconium, et plus tard, en 768, l’ancien patriarche qui avait accusé l’empereur