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IRÈNE ET LES EUNUQUES

comblées de mégères hurlantes, et levant au ciel leurs faces d’imprécatrices.

Outré de cette rage, Léon, qui n’était point tendre, envoya ses gardes massacrer les séditieuses. La cruauté n’en épargna point. Les glaives tranchèrent les mamelles flasques, et trouèrent les seins jeunes de celles qu’on avait d’abord violées sur les bornes, dans les échoppes où elles s’étaient réfugiées, hagardes, offrant leur vertu en échange de la vie, dénudant leurs ventres et leurs gorges rigides, comme on fait durant le sac des villes, après l’assaut. Le sang coula dans les ruisseaux entre les épluchures de pastèques et les têtes de poissons. Peu de maris, peu de pères eurent l’audace de venir reconnaître les mortes. Il n’y eut que les fripiers pour ramasser les survivantes à l’heure nocturne où ils furent dépouiller les victimes de leurs robes brodées, de leurs tuniques de lin, et de leurs voiles coûteux.

Plus tard, on enjoignit de brûler toutes les images sans valeur marchande, et de fondre celles en métal. Les femmes les serrèrent dans leurs vêtements. Elles luttaient avec des cris effroyables pour empêcher qu’on les leur arrachât. Des clameurs désespérées retentirent dans Byzance. Mus par l’appât du gain, par l’esprit de classe, les soldats coupèrent un membre aux plus récalcitrantes. Le sang et les pleurs souillèrent les sanctuaires dévastés. Les chiens avides emportèrent des mains tranchées dont les doigts gardaient les bagues en laiton.

Mais le Iésous protégea ses fidèles, répandit les