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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Prépare un bon repas, chère femme, pour que nous traitions les seigneurs.

— Tu administres ta maison de telle manière que nous n’avons pas même une poule. Apprête des légumes sauvages et reçois tes amis…, répondit la matrone.

— Prépare seulement le feu. Mets en état la grande salle à trois lits. Nettoie la table d’ivoire. Alors le Iésous nous enverra de quoi manger, assura-t-il.

« Ainsi l’épouse agit-elle. Et, comme la Providence ne néglige jamais ceux qui ont confiance en elle, voici que, par une porte de côté, survinrent les premiers du village apportant au serviteur du Iésous, leurs béliers, des agneaux, des poules, des pigeons, du pain, du vin vieux, et tout le nécessaire. Le couvert ayant été dressé dans la grande salle, les légats admirèrent la beauté parfaite de la pièce, la table d’ivoire incrustée d’or, table ronde très large et très ancienne, capable de contenir trente-six noms de convives. Les mets furent dignes d’un repas royal. L’homme vénérable, ressemblait vraiment au patriarche Abraham non seulement par les sentiments hospitaliers, mais encore par le visage. Les voyageurs étaient complètement charmés. Pendant le repas, le fils du vieillard, nommé Johannès vint saluer Bythométrès. Il avait la démarche et la taille de Saül, la chevelure de Samson, la beauté de Joseph. Les autres descendants de l’hôte se présentèrent aussi, servant et desservant la table, tous radieux.