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IRÈNE ET LES EUNUQUES

tendu vers les fers des piques. Staurakios gardait le silence, en se peignant les boucles avec des ongles rageurs.

Revenus au Palais, ils ne perdirent pas le temps. Ils n’essayèrent point non plus d’une répression dangereuse, à cette heure de défaite. La violence de la soldatesque triomphait trop pour qu’il fût prudent de refréner alors son délire. Irène se priva de sortir, ne parut plus au dehors.

Bientôt, Staurakios, ayant reçu les dépêches de Cappadoce, les communiqua. Elles annonçaient que le calife Haroun-Al-Raschid successeur d’El-Mahdi et de Hadi se proposait d’envahir la province. Pharès renchérit sur les pires nouvelles des stratèges d’Orient. Un bruit courut la ville : les Sarrasins se jetaient sur les thèmes d’Asie. Des messages rendus publics immédiatement signalèrent les progrès de l’incursion de lieu en lieu, de bourg en bourg.

Les crieurs publics et les tibicinaires sonnaient sur les places la calamité nouvelle. Sur l’ordre d’Eutychès, les troupes commencèrent à passer le Bosphore avec les enseignes, les bagages. La guerre étant prévue terrible et longue, maintes phalanges de l’élite briguèrent la faveur de partir. D’énormes préparatifs agitaient les gens. Pour la première fois, le jeune empereur allait prendre le commandement et déployer en étendard le voile de la Très Illuminante Pureté contre le Croissant des infidèles. Irène le déclara, montrant son fils aux scholaires et aux candidats un matin de revue.