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IRÈNE ET LES EUNUQUES

la Vierge se rétablit partout. Les femmes triomphaient par le moyen d’une femme, pour l’adoration d’une divinité féminine. Le parti d’Irène vécut au grand jour. Les soldats le purent dénombrer. Parce que ses forces leur semblèrent considérables, ils n’agirent plus à l’encontre.

Ce premier résultat encourageait les eunuques. Jean s’attendait à une émeute, à la révolte ouverte. Voici que leur fermeté seule en imposait à la multitude brutale. Pour eux-mêmes, pour leurs ambitions secrètes, c’était la victoire en somme de l’élément contraire à Léon l’Isaurien et à Constantin V ; un présage de leur suprématie future sur le prince.

Jean Bythométrès ne laissa point de repos à l’ennemi et porta de nouveaux coups.

Paul, le patriarche de Léon IV, malgré les apparences nécessaires à sa charge, n’avait pas démenti ses préférences pour l’orthodoxie. Il restait fidèle à Irène, l’ayant prouvé en ordonnant les oncles du prince, lors de circonstances périlleuses.

Lorsque le goût populaire fut bien évident, la régente lui persuada de se retirer au monastère de Florus, pour y accomplir une pénitence publique de ses errements. Paul obéit à ce désir vers le milieu d’août. À peine fut-il en cellule, la maladie l’assaillit, une de ces maladies qui secouraient les eunuques à propos. Sans qu’on sût bien si leurs vagues souhaits avaient autorisé Pharès à composer un venin opportun, on déclara bientôt le patriarche perdu.