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la place où j’étais, j’apercevais de profil cette tête forte et énergique, aux yeux durs et vifs, aux cheveux gris et ras, au nez comme cassé et écrasé. Il demeurait muet et pensif. Soudain, il étendit les bras, soulevant la capuche noire qui recouvrait sur les épaules sa robe blanche de Dominicain et lentement, gravement, accentuant les r, appuyant sur les e, il laissa tomber ces mots : « Les efforts de l’erreur et du mal sont en notre temps particulièrement dirigés contre la famille, et la famille n’est plus qu’un souvenir. Il faut donc travailler à la reconstituer, et puisque la famille naît du mariage, il nous faut étudier la vraie préparation au mariage. Telle préparation, tel mariage ; tel mariage, telle famille. »

Des minutes s’écoulèrent : il donnait à ceux qui devaient l’écouter le temps de comprendre toute la gravité du sujet qu’il allait traiter. Alors il exposa qu’il envisagerait la question au double point de vue des principes et des mœurs : 1er point : que doit être le mariage ? 2e point : ce qu’il est. Puis, sans autre préambule, il commença. Que voulait-il prouver ? que le mariage est d’institution divine. Il établit donc cette vérité sous la forme suivante : « Dieu est le principe de toute chose, et s’il a créé des êtres intelligents, tout être intelligent doit se gouverner selon sa loi. Donc l’homme étant la créature de Dieu, tout ce qui est dans sa vie et dans son être ne peut se régler en dehors de Dieu. Donc le mariage ne peut se faire en dehors de Dieu. » Dès lors ce raisonnement fut toute la pre-