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M. ALBERT SOREL

Il est, à Honfleur, au bord de la grand’route qui mène de Rouen à Alençon, une maison que cachent un peu, en été, les branches touffues des ormes. Elle est paisible, douce et heureuse. Un jardin l’entoure à demi, où sous les arbres sommeille un étang, et des coteaux verdoyants, qui arrêtent et charment le regard, forment son horizon. Le matin, elle rit sous les premiers rayons du soleil qui l’éveillent de leurs caresses, et, le soir, quand les ombres indécises commencent à descendre, elle semble se recueillir et songer. Parfois, le cri d’une sirène invisible trouble le silence, ou le cri lointain d’un paysan excitant ses chevaux. La mer est toute proche, on la devine, on en respire la brise fraîche, on voit presque les voiles frissonnantes des barques de pêcheurs. C’est là que naquit, d’une vieille famille normande, Albert Sorel, l’historien de l’Europe et de la Révolution française ; c’est là que, chaque année, fidèle