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PARTENZA…

gieuses. Sur la nappe très blanche, de grands candélabres d’argent, toutes bougies allumées, éclairent des gâteaux revêtus comme à Gênes de sucreries et de fioritures où l’or se mêle à toutes les couleurs. Entre des vases de faïence peinturlurée qui contiennent des fleurs, les jolies petites bouteilles de Chianti clairet emprisonnent leur forme ronde allongée en un col gracieux dans les tresses d’un osier fin qui s’arrête en chemin et semble vouloir laisser leurs épaules découvertes. L’intérieur de cette station est plutôt fruste et les grands candélabres d’argent viennent, on dirait, d’être sortis des armoires pour quelque grande cérémonie qui va se passer là tout à l’heure quand seront éloignés les indiscrets occupés à défaire les arrangements puérils de toutes ces petites choses si bien en place sur les nappes blanches, entre les fleurs et les bougies qui font jouer à travers les flacons de verre blanc les rubis du Chianti parmi les reflets vermeils des oranges. C’est une joie pour les yeux, après les ténèbres du chemin, que ce tableau d’une physionomie, d’un rococo ravissants, très apprêté et très simple à la fois et si franchement italien.

Le wagon-restaurant me paraît quelconque et sans charme, tellement dépourvu de ce cachet local qui, tout à l’heure, débordait en couleurs éclatantes. Nous retrouvons avec joie cependant les fluettes et joyeuses bouteilles de Chianti, semblables à celles des petits étalages, sur l’autel du mois de Marie, au buffet de Grossetto…

Nous approchons de Rome, une grande lueur est