Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
PARTENZA…

poignée de nacre, nos petits officiers n’ont pas le type généralement élégant de par ici, ni l’air aimable.

Un arrêt : la Spezia ; nos voisins, qui ne sont pas arrivés cependant, descendent et vont porter ailleurs leurs désobligeantes façons. Mais il était dit que nous aurions, malgré tout, un petit marin auprès de nous. Aussitôt disparus, un de leurs jeunes camarades au guet — sa valise à la main — d’un coin où se caser, veut bien nous donner la préférence, et très gentiment, très gaiement, fait usage de toutes ses connaissances de notre langue, qu’il parle fort bien du reste, pour me remercier du léger service rendu en l’aidant à l’installation de son modeste bagage. Et tandis que défile la rade de la Spezia, avec, sur une nappe magnifique illuminée de soleil, la masse énorme des cuirassés tout noirs, vautrés dans la lumière liquide des vagues, la conversation de notre gracieux compagnon fait oublier ses collègues maussades ; et c’est entre nous un assaut de remarques flatteuses sur chacune de nos belles patries. Nous essayons de nous prouver mutuellement que rien ne nous est étranger dans les arts et dans la littérature française et italienne, et je dois reconnaître que malgré ses seize ans notre petit Italien fait la meilleure figure du monde en abordant ces sujets. Ses yeux s’allument de convoitise au seul nom de Paris et de dépit en même temps de me céder le pas, lui qui ne connaît pas notre capitale, à moi qui vais à Rome pour la seconde fois.

— Mais, dit-il, mon père a vu Paris au moment de votre grande Exposition, et j’irai moi aussi, bientôt, dès