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PARTENZA…

vers la place du Palais, sereines sont les façades claires des maisons aux fenêtres gaiement fleuries de plantes grimpantes étoilées de couleurs vives : rouges incandescents, vermillons sonores des géraniums épanouis aussi en fleurs d’opale et de chairs rosées ; les maisonnettes charmantes s’apprêtent à clore leurs persiennes vertes, tout à l’heure, quand la nuit arrivera tiède et bleue, dans cette atmosphère de calme, d’apaiment infini, dans le silence que vient à peine troubler, s’il n’y ajoute plutôt la mélancolie d’une chanson berceuse, le flot qui heurte avec des plaintes la ligne des rochers qu’en se penchant sur les garde-fous on aperçoit au bas de la place d’où se dégage, très éclairée par les lueurs du crépuscule, l’élégance florentine du palais. Ses tours blanches et ses vitraux flambent de pacifiques incendies dans la tranquillité suprême, dans le recueillement de cette fin du jour. On dirait la féerique demeure d’un Prince charmant, ou mieux, le palais enchanté d’une Belle au bois dormant : dans la cour, de fines gazelles vont sur leurs pattes d’ibis fauves en mouvements de ravissante délicatesse, sautillent sans bruit sur les marches du grand escalier de marbre et, sans bruit, comme des oiseaux, volent sur le gravier blanc répandu sur le sol et puis nous regardent, inquiètes et curieuses, avec leurs yeux jolis et purs comme des yeux d’enfant.

C’est fini, le jour se meurt, et les flancs des rochers se revêtent d’un velouté mauve frotté d’or que fait le soleil avant de disparaître. Sur la place silencieuse un soldat veille ; le fil d’acier d’une baïonnette étincelle

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