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PARTENZA…

pelle Sassetti, et sans peine je lis dans les personnages de Ghirlandajo la Vie de François d’Assise, dont j’aime l’immortelle et naïve figure. Dans l’une des compositions, le saint apparaît au milieu d’un nuage : d’un geste de sa main meurtrie il ressuscite une petite fille assise sur la pierre de son tombeau, les mains jointes, candidement étonnée du réveil merveilleux de sa jeune âme rappelée près de son corps, retour d’un long et surprenant voyage dont sa figure enfantine indique encore les exquises et inattendues visions. Cette scène touchante se passe sur la place même de la Trinité, très reconnaissable et tout imprégnée, comme aujourd’hui, d’une atmosphère délicieusement florentine.

Mes regards sont attirés vers une jeune femme accroupie à deux genoux sur les dalles, un peu devant moi ; je devine sans le voir exactement un profil qui doit être très beau. Auprès d’elle, et s’appuyant de la main droite sur son épaule, si confiant et si tendre que je devine bien qu’elle est sa maman, un joli garçonnet de huit à neuf ans se tient debout, et demeure immobile. La jeune mère a vingt-cinq ans peut-être ; vêtue d’un costume sombre d’une rare élégance, un collet d’astrakan tombe des épaules jusque sur le corsage rouge brique soutaché de passementeries noires répétées en bas sur la jupe de même couleur dont les plis se drapent sur le mouvement de son corps. De temps à autre, sans que l’enfant aille au-devant ou se détourne de son côté, elle prend dans sa main la main du bambin, pour l’assurer qu’elle est bien là, de ce