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PARTENZA…

dans les grisailles du Capitole. Le Passé demeure tout entier dans ce grand trou de lumière, dans cette solitude rayonnante entre le Palatin et le Viminal, entre le Capitole, le roc tarpéien qui n’est plus que souvenir, le beau campanile roux de Sainte-Françoise-Romaine et, tout au fond, le Colisée… Ici encore, ce n’est pas une formule vaine, il n’y a rien à raconter, il faut voir. Et lorsqu’on a vu, l’évocation de ces lieux d’irrésistible enchantement veut la seule admiration muette. Les mots et les paroles s’effondrent sous le poids colossal de tout ceci. L’âme s’abîme dans la majesté, dans la grandeur de ces Ruines qui se débattent contre le Temps vaincu, et mesure, frémissante, tout ce qui tient là de beauté sur cette parcelle étroite de notre Terre…


Après midi, repris notre tournée pieuse en commençant par l’église d’Ara Cœli. Si je ne craignais de commettre une hérésie d’esthétique, j’avouerais très humblement que de tous les fastueux portails de Rome, c’est le dessin fruste, un peu sauvage, mais d’une simplicité poignante, d’Ara Cœli que j’aime par-dessus tous. Point de mosaïques d’or, point de lapis, ni d’opales, ni de rubis enfoncés et cloisonnés dans les marbres ; à peine quelques pierres vermeilles ; des briques, tout simplement, qui sont d’un rose grave dans le soleil. Les lignes inclinées de la muraille austère dont est faite la façade de l’église sont coiffées de tuiles, roses aussi. Cela est d’une rusticité sévère et d’un contraste tout à l’avantage du simple portail,

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