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PARTENZA…

lescent joli tout vêtu d’écarlate, pour rendre hommage à sa beauté et remercier les dieux de leur munificence.


Hélas ! je ne monterai plus comme autrefois, à genoux, l’Escalier saint où demeurent, sous de petites plaques de cristal, des taches de sang qui sont le sang du Christ ; l’Escalier de Pilate ? J’aurais peur de renouveler la Passion !… Mais nous avons voulu quand même aller jusqu’à la Scala Santa, et je laisse ma mère, pieusement, pour nous deux, s’agenouiller sur les degrés où se posèrent les pieds ensanglantés… Et je pleure les ronces qui chaque jour davantage envahissent le jardin de ma foi et recouvrent le sol où, péniblement, par elles, je vois étouffer les roses de l’amour divin !…

Tout en haut de l’Escalier l’image de Jésus enfant peinte par saint Luc et achevée, dit-on, par les anges, sourit parmi les lampes pieuses, comme si la douce figure ne voyait pas Judas, en bas, au pied des marches. Je regarde l’immobile statue de l’apôtre infâme, je regarde en moi la statue grandissante de mes péchés, et je me demande quel est, pour Lui, le Judas le plus douloureux, celui qui Le vendit il y a deux mille ans ou celui qui Le torture encore maintenant ?…

Nous quittons le désert de Latran, les vieux murs de l’enceinte d’Aurélien aux briques croulantes, et nous allons vers cet autre désert, le Forum. Désert prodigieux, Sahara de silence où se dressent les gigantesques ossements des colonnades, les frises chancelantes sur les fiers chapiteaux silhouettés en lumière