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PARTENZA…

encore un peu au bord de l’eau, sur le quai désert, entre les verdures et la Méditerranée qui jamais ne m’était apparue aussi belle, aussi limpide et attirante ; la Méditerranée roulant dans ses flots les plus caressés de me’s rêves les plus chers : la joie de connaître, là-bas dans le Sud, la Sicile, ses filles et ses jeunes hommes aux profils ciselés, ses villes aux noms doux et sonores comme un murmure de mandolines : Syracuse, Taormine, Messine, Palerme ; puis Malte, incandescente dans une mer de lapis ; Tunis, l’Égypte : le Caire, les Pyramides et les Pharaons… la Grèce : Athènes, l’Acropole… Corfou, dont les petits enfants chantent aux gens qui passent : « Puissiez-vous jouir de vos yeux !… » et Tanger si lointaine, avec ses blanches maisons attirantes et que je voudrais revoir ! Gibraltar, où j’ai tant flâné, seul, sur les pentes délicieuses de la Alameda, ou bien à l’extrémité du rocher, à la Pointe d’Europe, avec, derrière moi, les monts violets d’Andalousie, et devant, roses dans la splendeur du midi, les côtes d’Afrique, Ceuta, devinée au poudroiement perlé de ses terrasses… Dans l’air infini passaient les craquements humides des vagues brisées sur les rocs, les marches pointues des fifres aigrelets, les douces ritournelles des cornemuses écossaises, sonnées par de jeunes highlanders blonds aux jambes nues et claires, dont les robes courtes frôlaient les orangers, les jasmins et les haies d’aloès et de géraniums de la Alameda, après le canon du soir, à neuf heures…