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PARTENZA…

marquées et moites du dernier frôlement ; mains savantes de belles esclaves qui venaient boire ici, se miraient dans l’eau tranquille et souriaient à leurs yeux tendres en dénouant les nattes touffues de leur chevelure ; mains de jeunes garçons effrontés, altérés par les rires sonores et les jeux fous, qui, nus et trempés de sueur, apaisaient sur les dalles glacées le halètement de leur corps ardent, ivre de joie et de plaisir.

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Les marchands arrivent ; ils viennent derrière les comptoirs de marbre puiser, dans les vasques creusées devant eux, les olives, la saumure de poisson, les vins de Sicile cuits et parfumés dont le peuple est friand. Les boulangers ouvrent leurs fours ; les flammes en lèchent la porte, et la fumée noircit le seuil où finissent de cuire les pains dorés semblables à de grosses fleurs jaunes aux pétales gras et ronds ; les amphores sont blanches, sur les bords, de la farine que l’on vient d’y verser, toute fine, échappée des lourdes meules de pierre dont la rotation s’achève à peine sous la poussée d’un esclave.

La foule bruyante se presse dans les ruelles étroites. Les uns courent à leurs affaires, au forum : magistrats, avocats, banquiers, armateurs ou marchands ; d’autres, et les plus nombreux peut-être, sortent des temples où l’on célèbre la luxure, où l’on exalte toutes les voluptés ; ils marchent, frémissants, pâles déjà des plaisirs qu’ils vont prendre. Et dans cette Pompéi où le ciel embrasé chante l’amour que protègent les