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PARTENZA…

pagnes, leur Vesuve monstrueux, et répand de claires traînées de bleus nuancés qui moirent l’azur du ciel et l’azur de la mer.

Toute Naples est dans les rues.

Nous montons, à travers des faubourgs populeux, des pentes raides semées de cailloux pointus qui s’allument sous les pieds des chevaux. Des escaliers s’enchevêtrent dans les ruelles, si bien posés, qu’ils semblent — avec leurs paliers en terrasses, leurs dégagements sur des jardins aperçus très haut sur des murs, ou tout en bas au fond de quelque précipice que surplombe le chemin — de vrais praticables de théâtre ; et les acteurs ne manquent pas, aux tournures extravagantes, et naturelles cependant, sur la scène grandiose dont le décor reste le même dans sa tonalité générale, malgré la transformation plaisante des détails. Des femmes superbes, dans leurs vêtements communs, ont des allures d’impératrices ; leurs cheveux noirs sont relevés sur leur front avec une science instinctive de la beauté ; des filles, en riant, découvrent les rangées de leurs dents blanches comme des amandes nouvelles que l’on voudrait croquer.

Des boutiques de chaudronniers préparent la voie aux boutiques de Pompéi où nous serons tout à l’heure. C’est un resplendissement de ces bassins de cuivre déjà vus hier soir sur le seuil des maisons de Portici ; nobles vases aux formes antiques, larges et plats, élevés sur des trépieds de fer avec, pour oreilles, deux lourds anneaux brillants qui retombent sur leur panse au galbe savant. Ces humbles ustensiles