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PARTENZA…

preste et moqueur avec les sous dans ses mains. Le petit effronté se retourne vers nous en courant et nous envoie des œillades malicieuses et des grimaces jolies, qui signifient clairement que nous venons d’être joués, que nous sommes des sots, et que ses pirouettes ne valaient certainement pas tout ça… Ses pirouettes, mais ses yeux !…


Sur des terrasses contenues par de hautes murailles fleuries de mousses et de fleurs sauvages, les vignes célèbres d’où jaillit le Lacryma-Christi tordent leurs ceps enchevêtrés et courent en berceaux disposés pour être, en été, des ombrages ravissants, avec les sarments pliés sous le poids des grappes lourdes et brillantes comme des topazes brûlées ou comme des pierres violettes presque noires dans l’épaisse verdure.

Des musiciens se groupent autour de notre voiture qui va lentement ; ils nous font une conduite dont l’harmonie n’est pas très savante, mais elle arrive si bien à point qu’elle ne laisse plus, pour un moment très fugitif sans doute, aucun désir à l’âme, aucun regret aux yeux. Rien ne pouvait nous être plus agréable que cette musique naïve sonnée par les guitares, pleurée tendrement par les violes, à ce moment précis où, nous échappant des misères pesantes de Portici et de San Vito, tout le golfe apparaît devant nous, radieux dans la lumière, Naples découvre ses blanches théories de maisons, de palais et d’églises, la Campagna felice déploie ses tapis verdoyants de-