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— Qui me répond de ta fidélité ? dit-il.

— Ceci, répliqua le capucin en posant le doigt sur la cicatrice faite par le poignard de Renaud, et la confession que je vous ai contée. Une petite moitié suffirait pour faire pendre un honnête homme.

— File donc ! s’écria le Bavarois.

Une heure après, un cavalier bien monté, et suivi de deux valets qui se tenaient respectueusement à distance, sortait de Magdebourg. C’était Mathéus Orlscopp, qui voyageait en gentilhomme.

En passant devant la maison du comte de Pappenheim, il aperçut à l’étage supérieur une lumière qui brillait, et il entendit vibrer dans la nuit les accents purs et mélodieux d’une voix qui chantait un psaume de David.

Ce n’était pas la première fois que cette voix éclatante frappait son oreille ; elle lui rappelait l’auberge de la « Croix de Malte », dans le bourg de Bergheim. L’ombre élégante de deux cavaliers se dessinait sur la vitre étincelante.

— Chantez ! murmura Mathéus. Nous verrons bien si vous chanterez toujours !

Et il s’enfonça dans les ténèbres.

Armand-Louis et Renaud ne pouvaient s’arracher d’auprès de Mlle de Souvigny et de Mlle de Pardaillan : au regret amer de les quitter s’ajoutait la mortelle angoisse de les laisser aux mains de celui qui avait été le rival de l’un d’eux et qui était encore leur ennemi. Si loyal qu’on le supposât, elles n’en étaient pas moins captives, et quel espoir avait-on de les délivrer jamais ? Renaud tordait ses moustaches, et de sourdes exclamations de colère s’échappaient de ses lèvres ; Armand-Louis marchait à grands pas, ou, muet et pâle de désespoir, il regardait le ciel.

— Vaincus ! répétait incessamment Renaud.

— Et toutes deux prisonnières ! reprenait Armand-Louis. Il