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un malin plaisir de colporter partout ces calomnies.

— Combien de soldats Gustave-Adolphe a-t-il dans sa main ?

— Vingt mille.

— C’est plus d’hommes que je ne puis lui en opposer.

— Mais, vous êtes Wallenstein et vous les commandez. Vous avez d’ailleurs l’avantage de la position. Si vous reculez, ne craignez-vous pas de perdre, par cette retraite, le prestige de vingt victoires ? Le roi de Suède vous a attaqué, ce me semble, dans vos retranchements de Nuremberg. Le vainqueur de Tilly a-t-il pu vous entamer ?

— C’est vrai ; mais, voyez le hasard, hier, par mon ordre et dans la conviction où j’étais que la campagne était finie, le comte de Pappenheim s’est séparé de moi et marche sur Mortzbourg.

— Il faut le rappeler en toute hâte ; il ne peut pas être à plus de sept ou huit lieues.

— Vous chargeriez-vous de l’atteindre ?

— Oui ; et, le comte ramené au camp, je cours rejoindre le roi de Suède.

— Partez alors. Voici l’ordre signé et revêtu de mon sceau. Moi, je vais prendre conseil de mes généraux.

Mais c’était moins le comte Kolloredo ou Piccolomini que le duc de Fridland allait consulter que l’astrologue Seni.

L’entretien qu’il venait d’avoir avec le duc de Lauenbourg était loin d’avoir déterminé Wallenstein à accepter la bataille dont le menaçait Gustave-Adolphe ; il était dans sa politique de temporiser, et, bien qu’ébranlé par les arguments à l’aide desquels l’astucieux François-Albert avait piqué son amour-propre, il faisait dépendre sa résolution de la réponse des astres.

L’astrologue Seni occupait une maison au sommet de laquelle les ouvriers du camp avaient élevé une terrasse sur une