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craindre pour sa raison ; il parla même avec sévérité à la pauvre Anna, qui, craintive et voulant obéir à son frère, chercha à dompter cette tendance à vouloir ce que Raymond désapprouvait. Souvent, depuis ce moment, lorsqu’elle avait la crainte de lui déplaire, elle se repliait sur elle-même pour cacher cette nature que le monde repoussait ; alors, comme aux jours de son enfance, elle redevint silencieuse et calme en apparence, mais avec tant de vérité, que son père en vint à lui reprocher son insouciance !… et que sa mère la crut résignée.

Raymond seul avait le secret de cette nature d’élite dont la jeune fille était formée. Seulement, tout en reconnaissant qu’Anna était passionnée, il se méprenait sur la destination qu’elle donnait aux éléments qui composaient son âme de feu. Aussi n’approuvait-il pas la profonde solitude dans laquelle vivait la jeune fille. Elle n’allait chez personne, n’acceptait aucune invitation et ne fréquentait aucun lieu public.