Page:Abrantès - L’exilé : une rose au désert.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jour où Raymond lui dit qu’elle aussi, elle, pauvre jeune fille, jusque là méconnue, délaissée, elle était devenue le mobile et l’intérêt d’un autre ! et cet autre, c’était lui !… c’était Raymond !… Dès lors la vie de la pauvre enfant ne fut plus solitaire ! elle avait un frère !… Aussi, comme elle était obéissante ! comme les leçons la trouvaient docile !… Anna avait alors douze ans, et Raymond vingt-six.

J’ai déjà dit qu’Anna avait un goût très vif pour les fleurs : il se développa jusqu’à la passion en étudiant la botanique. Parfaitement savante en astronomie, elle devint bientôt aussi habile en histoire naturelle ; elle lut dans le grand livre de la nature, et chaque page tournée par elle lui dévoilait une nouvelle beauté. Elle buvait ainsi à pleins bords dans une coupe d’ineffables voluptés, qu’elle sentait sans les comprendre. Souvent elle se demandait si elle était bien la même personne dont l’entendement